Le cycle « Appartenir à la Méditerranée / Se revendiquer de la Méditerranée », du programme de recherche Méditerranée, explore les multiples dimensions de l’appartenance individuelle et collective en Méditerranée, et celles aussi de la non-appartenance.

Crédit photo : Marie-Pierre Ulloa, Iméra.
Examiner le concept d’appartenance
En 2024, nous avons examiné le concept d’appartenance à travers des perspectives de l’affect et des émotions, à travers les prismes anthropologiques, culturels, historiques, juridiques, ontologiques, religieux, sociaux et géopolitiques. Les chercheurs spécialisés sur la Méditerranée ont mis en lumière l’idée d’appartenance, en étudiant comment les mécanismes du sentiment et du sens d’appartenance a façonné l’histoire de cette région au cours des siècles.
Parallèlement, la récente actualité migratoire à travers la Méditerranée a conduit à une réévaluation critique des cadres géographiques traditionnels, donnant lieu à de nouvelles formes d’appartenance et à des identités territoriales hybrides nées de l’expérience du déplacement. Ce bouleversement redéfinit également cette mer qui relie des rivages, la Méditerranée comme un « non-lieu », selon la définition de l’anthropologue Marc Augé (1935-2023), mais aussi comme un espace d’appartenance temporaire au large ou en transit dans les ports.
Approfondir l’exploration de l’appartenance à travers les arts, les sciences sociales et les humanités
En 2025, nous visons à approfondir cette exploration des récits d’appartenance à travers les arts, les sciences sociales et les humanités. Cela inclut des perspectives issues de disciplines telles que l’archéologie, l’architecture, la géographie, l’histoire, le genre, la sociologie, la littérature, les études sur le patrimoine culturel visible et invisibilisé, ainsi que les études océaniques critiques, les études cinématographiques, les humanités environnementales, les droits humains et les études des migrations.
Nous cherchons également à analyser les récits centrés sur la Méditerranée, dans différents contextes et temporalités, et voir comment ils ont façonné notre compréhension de ses lieux dans leur diversité, en particulier selon les cadres de l’histoire coloniale, celle des post-indépendances et aussi selon les perspectives décoloniales.
Cette réflexion s’avère d’autant plus urgente que la Méditerranée est confrontée à des défis tels que la montée du populisme, les flux des migrations et du tourisme de masse. Les récits environnementaux, passés et présents, jouent un rôle clé dans cette dynamique, tout comme les influences technologiques émergentes, notamment l’intelligence artificielle, qui redéfinissent notre conception de l’appartenance dans cette région interconnectée.
De plus, des recherches récentes ont mis en lumière comment les rapports environnementaux, urbains, ruraux, maritimes et spatiaux peuvent à la fois unir et mettre en tension les communautés méditerranéennes. Ces thématiques sont particulièrement pertinentes à notre époque marquée par les guerres, l’instabilité politique et les effets croissants du changement climatique, qui exacerbent les divergences et modifient les priorités. À travers cette perspective, nous cherchons à approfondir notre compréhension de la manière dont l’appartenance est socialement construite, juridiquement et politiquement contestée, et appréhendée subjectivement dans cette région complexe, tant au niveau des identités individuelles que des appartenances collectives.