En 1930, le premier Institut d’études avancées a été fondé à Princeton, dans le New Jersey. La mission et les ambitions étaient claires dès l’origine. Il s’agissait de créer un « paradis pour les scientifiques » : un lieu petit mais confortable, simple et presque monacal, suffisamment éloigné des pressions de la réalité pour permettre à ses résidents de se consacrer exclusivement à leurs activités en totale liberté. L’institut était ouvert aux meilleurs scientifiques du monde – sans distinction de race, de sexe, de religion, de nationalité et de discipline – à condition que leurs recherches soient motivées uniquement par la curiosité intellectuelle, et non par l’intention de produire des effets pratiques utiles.
L’idée d’un institut d’études avancées a donc vu le jour à la fois comme une utopie scientifique – créer la meilleure université possible – et comme une critique des institutions académiques existantes – inventer un autre type d’université. Aujourd’hui, il existe sur la planète plus de 100 instituts d’études avancées, dont près d’une dizaine sont situés en France. Chacun interprète et réalise à sa manière le projet visionnaire que Abraham Flexner a façonné à Princeton il y presque un siècle.
Positionnement de l’IEA d’Aix-Marseille Université
Fondé en 2007, l’Iméra, Institut d’études avancées (IEA) d’Aix-Marseille Université, se conçoit aujourd’hui comme un sanctuaire de liberté intellectuelle où une communauté temporaire de scientifiques et d’artistes internationaux de haut niveau peut trouver le temps, l’espace et les ressources nécessaires pour découvrir, individuellement et avec les autres, un sens et des contenus nouveaux pour des recherches interdisciplinaires originales.
Dans un lieu où des conditions si différentes de la routine académique et artistique ordinaire sont réunies, il est possible que des idées et des œuvres importantes voient le jour. Des créations capables de modifier les lignes de frontière et les paradigmes établis, voire de transformer significativement les cadres aujourd’hui les plus répandus de penser et d’agir.
Pour une diversité des figures de résidents
Pour accomplir cette mission ambitieuse, la stratégie scientifique de l’Iméra vise à donner forme et corps chaque année à un ensemble riche et pluriel de chercheurs : une communauté internationale, interdisciplinaire, libre mais ancrée en même temps dans le contexte scientifique et artistique d’Aix-Marseille. Des appels spécifiques permettent ainsi d’inviter des figures de résidents différentes pour ce qui est de la provenance, de la durée du séjour, de la portée du projet de recherche proposé : des chercheurs.ses en résidence annuelle ; des enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses d’Aix-Marseille Université en congé-recherche au sein de l’Iméra.
La sélection des candidatures est orientée par des standards d’excellence exigeants, sans cependant respecter obséquieusement les indicateurs de quantité et d’impact qui hantent aujourd’hui les institutions de recherche mainstream.
Le courage et la curiosité intellectuelle, l’envie de découvrir, un fort élément interdisciplinaire, décliné aussi comme une éthique du respect et de la collaboration collective, sont également des critères adoptés dans l’évaluation des dossiers.
Entre travaux de recherche et expériences de vie au sein de l’IEA d’Aix-Marseille Université
Le caractère traditionnellement blue sky des recherches menées dans un institut d’études avancées prend à l’Iméra, Institut d’études avancées (IEA) d’Aix-Marseille Université, la forme des quatre programmes de recherches conçus et coordonnés par les directeurs de programme et la coordinatrice scientifique : « Arts et sciences : savoirs indisciplinés », « Explorations interdisciplinaires », « Méditerranée », « Utopies nécessaires ».
Les programmes sont des cadres thématiques suffisamment larges et accueillants pour n’exclure a priori aucune proposition de projet de recherche de la part des candidats à une résidence. Mais ils sont en même temps suffisamment délimités pour permettre que des convergences d’affinités, des occasions de discussion et de travail partagés se créent au sein de la communauté des résidents, autant que dans les échanges avec l’équipe scientifique de l’Iméra et les institutions universitaires et artistiques d’Aix-Marseille.
L’interdisciplinarité en acte a lieu aussi entre les résidents
Dans cette perspective le CBS (Community Building Seminar), seul moment d’activité obligatoire pour chaque résident, qui se déroule régulièrement pendant l’année, se veut comme un moment de connaissance réciproque, de rencontres et d’échanges parfois imprévus, un vrai dispositif d’intelligence collective. Il en va de même pour les événements scientifiques et artistiques que les résidents peuvent organiser avec la collaboration de l’équipe de l’Iméra, ainsi que des autres chercheurs avec lesquels ils travaillent.
Espace de liberté et créativité intellectuelle qui protège des pressions excessives des institutions et de la réalité, un institut d’études avancées n’est pas forcément un lieu où se pratique le culte d’une forme, d’individualisme égocentré, peu importe si elle est géniale. C’est plutôt un lieu qui invite ses résidents à trouver un équilibre entre autonomie et collaboration, dans un cadre de vie et de travail partagé, pendant une période limitée mais pas éphémère dans ses effets, et qui peut donc bien s’avérer capitale pour quelqu’un.
Les possibilités qu’offre l’Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université
Depuis que Princeton a été créé, les personnes qui ont la responsabilité et le privilège de donner vie et sens à un institut d’études avancées s’interrogent sur les meilleures conditions permettant qu’un chercheur puisse achever au mieux ses projets et ses aspirations.
Dans ce sens, à l’IEA d’Aix-Marseille Université, on travaille à fabriquer collectivement un mélange, tout à inventer, de curiosité pour l’autre et de goût de la solitude, de passion pour la recherche et de droit à avouer sans crainte son ignorance et sa curiosité face au trésor de connaissances et d’existences que chaque promotion de résidents recèle. Et ce dans l’espoir de créer et de découvrir quelque chose d’important et de sensé, individuellement et avec les autres.
