Marie-Laure Lambert, Enseignante-chercheure en droit public de l’environnement à Aix-Marseille Université

Lambert Marie-Laure

Disciplines : Droit de l'environnementDroit public
Poste et institution de provenance : Maîtresse de conférences HDR en droit public, Aix-Marseille Université
Type de résidence : Congé-recherche
Chaire : Research Leave
Programme de recherche : Arts & Sciences : savoirs indisciplinés, Utopies nécessaires
Période de résidence : Février – Juillet 2025

Projet de recherche

Récits pour un futur plus sobre – enseignements marseillais

Résumé du projet

La consommation de « ressources » naturelles et les émissions de divers polluants par les activités humaines nous ont conduit aujourd’hui à atteindre ou dépasser certaines limites que notre écosystème planétaire ne peut ou ne pourra plus supporter à moyen et long terme.
Pour espérer préserver les fragiles équilibres écologiques de notre environnement, et essayer de ralentir le bouleversement climatique, l’érosion massive de la biodiversité sauvage et les pénuries qui s’annoncent (eaux, métaux…), les sociétés industrielles doivent évoluer et accepter certaines formes de ralentissement de leur consommation/prédation.

L’indispensable objectif de sobriété

Que l’on nomme ce ralentissement sous les vocables de sobriété, de frugalité ou de décroissance, l’objectif général consiste bien à revoir nos pratiques de surconsommation, au moins dans les pays les plus riches et dans les franges de la population les plus aisées.
Les actions publiques, et même le droit commencent aujourd’hui à intégrer timidement ces nouveaux paradigmes. Ainsi la sobriété énergétique est-elle inscrite comme un objectif essentiel des objectifs de transition (art L100-2 du code de l’énergie). Depuis le début de la guerre Russie-Ukraine, ont également fleuri des plans de sobriété aux échelles nationales, locales ainsi que dans les entreprises. Enfin, l’ADEME, agence de l’Etat, a soulevé une intéressante polémique en diffusant une campagne « non-publicitaire » sur le thème des « dévendeurs ».

Les co-bénéfices de la sobriété ou de la décroissance

Le courant de réflexion sur la décroissance ou la post croissance définit aujourd’hui ce concept comme la « réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique, planifiée démocratiquement, dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être » (T. Parrique). Il s’agit donc d’œuvrer concrètement et collectivement, en impliquant l’ensemble de la population, mais en distinguant les différences d’empreintes de chacun, ou celles des différentes classes sociales. C’est l’objectif de justice sociale qui lui est associé.
Il s’agit également de décrire et faire partager les cobénéfices de ce ralentissement, en termes d’allègement des charges de travail, de ralentissement des rythmes contraints et de gain en qualité de vie, voire de pacification du rapport aux autres.

Le projet de récit pour un futur plus sobre

Le projet « Récits pour un futur plus sobre – enseignements marseillais » visera à « mettre en récit » des scénarios de sobriété pouvant inspirer les politiques publiques de transition écologique. Il se fondera en partie sur les résultats scientifiques d’un programme de recherche ANR et d’un programme Horizon Europe, mené par la Ville de Marseille sur l’objectif « Marseille neutre en carbone en 2030 ».

Au-delà des pistes juridiques élaborées dans le cadre de ces deux programmes, il s’agira ici de développer un écrit plus personnel, une « mise en récit » des résultats de recherche et des propositions juridiques de sobriété. Les politiques à mener pour lutter contre le changement climatique se heurtent à de nombreuses résistances psychologiques et sociétales, qui pourraient être atténuées par la proposition de nouvelles façons d’imaginer un futur moins inquiétant. Si des formes d’imaginaires nouveaux sont souvent portées par les ouvrages de science-fiction, il peut être intéressant d’oser un exercice de « juridique fiction » pour tenter, dans un langage plus littéraire et moins académique, de rendre vivantes ou palpables les propositions développées dans les recherches en cours.

Le projet s’appuie sur l’intuition que la plupart des citoyens, même dans notre pays riche, sont prêts à modifier leur consommation, mais ne le feront que si des règles garantissent que l’effort collectif sera équitable et partagé selon les moyens de chacun. Il est donc indispensable d’imaginer des voies pour expurger notre société des inégalités croissantes, du manque de vision à long terme des décideurs et de la puissance des lobbies.

Cet exercice sous forme littéraire ou romancé, aura donc pour intention de proposer des « utopies nécessaires » autour d’une société potentiellement moins prédatrice et plus sobre (en énergie, en ressources, voire en temps de travail), et permettant à chacun de se projeter, voire de s’identifier à des personnages. Le scénario proposerait, non pas nécessairement un monde, mais au moins un territoire, qui aurait mis en œuvre, avec le sens des responsabilités et une certaine fierté (nous sommes Marseillais !), des pratiques, des modes de vie plus sobres et des règles publiques plus équitables, pour montrer une voie de lutte, notamment contre le changement climatique et les inégalités qu’il aggrave.

Biographie

Enseignante-chercheure en droit public de l’environnement à Aix-Marseille Université, Marie-Laure LAMBERT est co-directrice du master « Droit de l’urbanisme et droit de l’environnement-DUDE » et co-directrice du LIEU (Laboratoire Interdisciplinaire Environnement et Urbanisme). Après avoir travaillé sur le droit des pollutions et risques industriels, elle s’est spécialisée dans la recherche en droit climatique (droit et politiques publiques d’adaptation et de lutte contre le changement climatique), et a été élue co-présidente du GREC Sud (Groupe Régional d’Experts sur le Climat).

Ses recherches, souvent pluridisciplinaires, portent sur les objectifs de sobriété énergétique et de ralentissement du rythme de l’économie, dans un objectif de transition énergétique et sociale, qui parait aujourd’hui indispensable et constitue pourtant l’angle mort des recherches juridiques et des mesures prises par les pouvoirs publics.

Appels à candidature

Les résidences de recherche que propose l’Iméra, Institut d’études avancées (IEA) d’Aix-Marseille Université, s’adressent aux chercheurs confirmés – académiques, scientifiques et/ou artistes. Ces résidences de recherche sont distribuées sur quatre programmes (« Arts & sciences : savoirs indisciplinés », « Explorations interdisciplinaires », « Méditerranée » et « Utopies nécessaires »).