philip cartelli chercheur en residence imera

Cartelli Philip

Disciplines : ArtCinémaSciences politiques

Poste et institution de provenance : Maître de conférences, Département des Arts Visuels, Wagner College (New York City)
Type de résidence : Résidence annuelle de recherche
Programme de recherche : Arts & Sciences : savoirs indisciplinés, Utopies nécessaires
Période de résidence : Janvier – Juillet 2024
Actuellement en résidence à l'Iméra

Projet de recherche

La fin de l’Histoire

Résumé du projet

Le projet de recherche de Philip Cartelli à l’Iméra, Institut d’études avancées d’Aix-Marseille université, propose une exploration stimulante de l’histoire, de la réalité et de l’engagement politique. À travers une enquête nuancée sur les répercussions d’un acte « anarchique », Cartelli cherche à initier une réflexion plus large sur la malléabilité des récits politiques et notre compréhension du monde.

Perspectives Temporelles

Une des questions centrales abordées par Cartelli est le défi de comprendre les événements historiques du point de vue du présent.

S’inspirant de Walter Benjamin, entre autres, Cartelli explore l’idée que l’histoire est un processus linéaire, suggérant que les événements ne sont pas aussi simples qu’ils paraissent. La réalité historique de moments spécifiques est en partie influencée par des préoccupations idéologiques et des désirs individuels ou collectifs. Même ceux qui n’étaient pas d’accord avec la provocante thèse de Francis Fukuyama sur « La fin de l’histoire » en 1989 ont senti un changement significatif se produire, bien que cela se soit révélé être l’un des nombreux « points de basculement » superficiels cachant d’autres processus qui peuvent persister inchangés.

Cartelli explore les implications de telles mauvaises interprétations sur notre capacité à saisir le présent à travers le prisme de l’histoire, incitant à une réflexion sur des manières alternatives de comprendre nos réalités temporelles qui embrassent la transformation et la réflexion spéculative.

Exploration des Récits Politiques

L’entreprise actuelle de Cartelli implique un projet de recherche artistique à facettes multiples, dont la base repose sur un événement intrigant, bien que relativement obscur. Cet événement, bien que de petite envergure, n’est pas moins extraordinaire que les préoccupations plus larges qui imprègnent notre psyché collective au quotidien.

Au cœur du projet se trouve une histoire captivante. En 2009, un groupe d’anarchistes américains aurait réussi à voler les cendres de Léon Trotsky de sa résidence précédente à Mexico. Ces anarchistes audacieux ont ensuite franchi une étape provocatrice en incorporant les cendres de Trotsky dans des cookies qu’ils ont envoyés à des organisations politiques de gauche dans le monde entier, accompagnés d’une note détaillant leur acte audacieux. Cependant, leur crainte d’être découverts les a amenés à ne laisser aucune trace discernable du vol. Cette situation particulière a conduit à une paradoxale : les revendications des anarchistes ont été soit ignorées, soit rejetées, alors qu’ils ne pouvaient fournir aucune preuve concrète au-delà des cookies qui, dans la plupart des cas, ont été jetés par les destinataires.

Enquête et Réflexion : Comprendre l’Engagement Politique

Plus d’une décennie plus tard, Cartelli revisite ce récit énigmatique à travers des dialogues avec les personnes impliquées et les diverses communautés politiques aux États-Unis, au Mexique et au-delà. En utilisant l’histoire de la tentative apparemment vaine des anarchistes comme point de départ, Cartelli pose des questions plus larges sur la nature de l’activisme politique contemporain et de la participation. Cette exploration repose sur le défi complexe de distinguer la vérité objective de la fiction et sur l’acte même d’attribuer une signification à un événement enveloppé de doute. Ce faisant, Cartelli remet en question la pertinence contemporaine de la vérité en tant que moteur fondamental des revendications politiques ou en tant que point final ultime.

Forme et Approche Cinématographique : Ambiguïté et Réalité

Cartelli s’inspire de l’affirmation du cinéaste Robert Kramer selon laquelle « le pouvoir est la possibilité de définir ce qui est réel », ce qui résonne profondément avec les dimensions politiques et idéologiques de la forme documentaire. À travers ses films, Cartelli ancre son exploration dans une réalité à la fois multiforme et éthiquement nuancée. Son corpus d’œuvres tourne souvent autour de la convergence de récits disparates, avec un récit dominant interagissant avec des récits mineurs, cachés ou refoulés.

Biographie

Philip Cartelli est un artiste de l’image en mouvement et un chercheur dont le travail cinématographique et vidéo a été exposé au Festival du film de Locarno, au Festival international du film d’Édimbourg, aux Visions du Réel, au Festival du film de Turin, au FID Marseille et à l’Art of the Real du Film at Lincoln Center, entre autres. Il détient un double doctorat de l’Université Harvard (où il faisait partie du Sensory Ethnography Lab) et de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et a été participant au Whitney Independent Study Program. Il a reçu des bourses et des résidences de la Fulbright-Institute for International Education, de la Fondation Wenner-Gren, de Cittadellarte-Fondazione Pistoletto, de la Fondazione Zegna, de la Fondation Camargo, de la Fondation Valletta 2018, du Fonds Roberto Cimetta et du Film Study Center de l’Université Harvard, entre autres. Il est actuellement professeur associé au département des arts visuels du Wagner College à New York City.

Appels à candidature

Les résidences de recherche que propose l’Iméra, Institut d’études avancées (IEA) d’Aix-Marseille Université, s’adressent aux chercheurs confirmés – académiques, scientifiques et/ou artistes. Ces résidences de recherche sont distribuées sur quatre programmes (« Arts & sciences : savoirs indisciplinés », « Explorations interdisciplinaires », « Méditerranée » et « Utopies nécessaires »).