House Jim
Projet de recherche
Au-delà de la Casbah / Médina : espace, pouvoir et politique dans les bidonvilles d’Alger et de Casablanca (1910-1962)
Résumé du projet
Basé sur un important travail d’archives et d’histoire orale, le projet de recherche de Jim House à l’Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université (Iméra) porte sur des études de cas de deux grands bidonvilles, les Carrières centrales (aujourd’hui Hāy Mohammadi) à Casablanca et les Cité Mahieddine à Alger, tout en situant ces espaces urbains dans les échelles interconnectées de la ville, de la colonie, de l’empire et bien au-delà. Ce projet attire l’attention sur l’impact socio-politique et spatial de la migration interne. Il met en avant le vécu quotidien et les luttes politiques des habitants des bidonvilles à travers des thèmes tels que la solidarité et la peur, l’urbanisme colonial, la répression et la réforme (relogement) visant ces habitants. Résultant en une monographie de 150 000 mots pour Oxford University Press intitulée Shantytowns and the City: colonial power relations in Algiers and Casablanca, 1910-1962, ce projet vise à fournir une histoire populaire plus inclusive de la période coloniale tardive et de la décolonisation. Son approche interdisciplinaire combine l’histoire sociale, politique et urbaine avec la sociologie, les migrations et les études de la mémoire. Le livre de House soutient que l’espace doit être un facteur analytique fondamental aux côtés de l’ethnicité, du sexe et de la classe sociale dans notre compréhension de l’histoire.
Biographie
Jim House est professeur associé (Senior Lecturer) en histoire française et francophone à l’Université de Leeds, au Royaume-Uni. Ses recherches portent sur la France, l’Algérie coloniale et le Maroc, ainsi que sur la décolonisation, son impact et ses héritages. Les principaux volets du travail de House ont examiné la répression coloniale de la protestation urbaine populaire et des mouvements anticoloniaux (Algérie, France, Maroc) au XXe siècle ; l’histoire sociale, politique et urbaine comparée de l’Algérie coloniale et du Maroc ; les mémoires sociales et les héritages plus larges de la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962) ; l’histoire des migrations maghrébines (internes et en France) depuis 1900 : l’histoire de l’antiracisme, de la « race » et du racisme en France depuis 1900.
L’utilisation à la fois de l’histoire orale et des sources d’archives (publiques et privées) lui permet d’intégrer une grande variété de perspectives sociales, politiques, ethniques et de genre. Le travail de Jim House a de plus en plus adopté des approches spatiales, examinant comment les sujets coloniaux revendiquent le droit de se déplacer à l’intérieur et entre les territoires coloniaux et autour de la ville coloniale, et comment les autorités coloniales tentent de limiter cette mobilité et d’imposer ou de réimposer la ségrégation.
Il est co-auteur de Paris 1961. Algerians, State Terror, and Memory (Oxford University Press, 2006, avec Neil MacMaster), l’histoire de référence du massacre par la police parisienne de pacifiques Algériens protestant pour l’indépendance le 17 octobre 1961, la dissimulation de cette violence et sa « réapparition » progressive dans la société française. Paris 1961 a été traduit en français par Tallandier (2008) et publié en Algérie par Casbah Éditions (2012). En 2021, Paris 1961 est réédité dans une nouvelle édition chez Gallimard (« Folio Histoire »). Certaines parties de cette étude s’inspirent de son doctorat sur l’histoire de l’antiracisme en France des années 1920 aux années 1960. Le travail de Jim House est apparu dans de nombreux volumes édités ainsi que dans des revues telles que Genèses. Sciences sociales et histoire, Vingtième siècle. Revue d’histoire, Monde(s). Histoire, espaces, relations, The Historical Journal, Yale French Studies, War in History, Modern and Contemporary France, le Bulletin de l’Institut d’histoire du Temps Présent et Histoire & mesure.
Il a été en résidence aux instituts d’études avancées de Paris et d’Amsterdam, et titulaire d’une bourse Fernand Braudel Senior Fellowship en histoire à l’Institut universitaire européen (Florence), et a reçu des bourses de recherche de la British Academy, Leverhulme Trust the Arts and Humanities Research Board (désormais AHRC), ainsi que la Mairie de Paris (en tant que co-investigateur).