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Crédit : Timothée Andonian / Iméra

Astourian Laure

Disciplines : Anthropologie visuelleCinémaCinéma français
Poste et institution de provenance : Maître de conférences en langue française, université de Bentley
Type de résidence : Résidence de recherche annuelle
Chaire : Résidence Mucem / Iméra
Programme de recherche : Arts & Sciences : savoirs indisciplinés, Méditerranée
Période de résidence : Septembre 2023 – Janvier 2024

Projet de recherche

Les archives audiovisuelles du MNATP, le cinéma et la télévision de l’après-guerre

Résumé du projet

Le projet de Laure Astourian à l’Iméra tourne autour de la tradition ethnographique dans le cinéma français des années 1960. Son premier livre, intitulé « The Ethnographic Optic: Jean Rouch, Chris Marker, Alain Resnais, and the Turn Inward in 1960s French Cinema » (à paraître en juin 2024 chez Indiana University Press), met en lumière une forte dimension ethnographique présente dans le cinéma français de cette période. Laure Astourian explore comment l’impulsion et la métaphore ethnographiques ont influencé un important mouvement cinématographique en France et comment ces films ont répondu à la fin de l’empire colonial français et à son impact sur l’identité urbaine française. Cette étude se concentre principalement sur trois cinéastes renommés, à savoir Jean Rouch, Chris Marker et Alain Resnais, dont les œuvres des années 1950 se caractérisaient par un engagement sophistiqué envers l’altérité et dont les films du début des années 1960 portaient un regard ethnographique conscient sur la France urbaine.

De l’ethnographie coloniale à l’ethnographie française

Laure Astourian étudie comment ces cinéastes ont intégré des références à l’ethnographie coloniale française dans leurs films. Son travail établit un lien essentiel entre l’ethnographie française et le cinéma français de l’après-guerre, analysant comment ces cinéastes ont réagi à la décolonisation et abordé les questions d’identité de l’époque. En reliant le cinéma et la télévision d’après-guerre à la tradition de l’ethnographie impériale, l’auteure démontre que le cinéma français a anticipé la convergence entre l’ethnographie française provinciale et impériale, offrant ainsi de nouvelles perspectives sur ces films dans leur contexte historique.

Ethnographie de la France provinciale et rurale

Au-delà de cette analyse initiale, Laure Astourian plonge dans un autre aspect de l’ethnographie française en se concentrant sur la tradition du Musée national des arts et traditions populaires (MNATP), représentant l’ethnographie de la France provinciale et rurale. Cette tradition, émergée au 19e siècle, se concentrait sur des provinces culturellement distinctes et plus isolées, mettant l’accent sur la collecte et la préservation d’objets ainsi que la mémoire de modes de vie en voie de disparition. Initiée par Georges Henri Rivière, le créateur du MNATP, cette approche comparative et globale visait à valoriser ces collections auprès d’un public éloigné de la vie rurale. L’auteure met en évidence comment l’ethnographie provinciale française a évolué au fil des années, passant des enquêtes sur le folklore et la culture matérielle aux monographies sur les communautés villageoises, puis sur les quartiers urbains, avant de se développer en une ethnographie du monde moderne.

Nouvelles perspectives sur l’ethnographie audiovisuelle

Le projet de recherche de Laure Astourian à l’Iméra relie le cinéma et la télévision d’après-guerre à la tradition ethnographique du MNATP. Elle explore les films et les séries télévisées de cette période avec une perspective française et provinciale, établissant ainsi un lien entre l’ethnographie française et ces productions audiovisuelles. Parmi les œuvres qu’elle prévoit d’explorer, on compte les films de Georges Rouquier, Agnès Varda, Jacques Demy et Jean Eustache, ainsi que les séries télévisées « À la découverte des Français » et « Croquis ». En reliant les films créatifs à l’anthropologie visuelle représentée par les rushes d’enquêtes collectives, la chercheuse vise à mettre en lumière les collections du MNATP en explorant leur « potentiel narratif » (Côté, Calafat) et à contribuer à enrichir le discours entourant ces collections.

Le projet de Laure Astourian à l’Iméra propose une approche novatrice et interdisciplinaire en liant le cinéma, l’anthropologie visuelle et l’ethnographie. Des recherches approfondies dans les archives du Mucem et de l’INA mettront en lumière les liens entre les archives ethnographiques et les productions audiovisuelles, enrichissant ainsi la programmation du festival Jean Rouch et offrant des opportunités de collaborations fructueuses avec des chercheurs de l’Université Aix-Marseille et de l’IDEMEC.

Sa résidence lui offrira l’opportunité de rédiger un article approfondi sur les intersections entre les archives audiovisuelles du MNATP et les films créatifs et les séries télévisées d’après-guerre, contribuant ainsi à une meilleure compréhension de l’ethnographie cinématographique dans le contexte français de cette période.

Biographie

Laure Astourian est une spécialiste du cinéma français des années 1950 et 1960. Elle se concentre particulièrement sur les œuvres de Jean Rouch, Chris Marker, Alain Resnais, Agnès Varda et Jean-Luc Godard. Elle a obtenu son doctorat au département de français de l’Université Columbia (New York) en 2016 sous la direction de son directeur de thèse, Vincent Debaene. En 2016-2017, elle a reçu la bourse Phi Beta Kappa Mary Isabel Sibley en études françaises. Depuis 2017, elle est maîtresse de conférences à l’Université Bentley (Massachusetts). Avec le soutien d’une bourse de recherche Fulbright, elle a passé l’automne 2021 à travailler sur son premier livre, « The Ethnographic Optic: Jean Rouch, Chris Marker, Alain Resnais, and the Turn Inward in 1960s French Cinema » (à paraître en juin 2024 chez Indiana University Press), à l’École normale supérieure (Ulm), sous la direction d’Antoine de Baecque.

Appels à candidature

Les résidences de recherche que propose l’Iméra, Institut d’études avancées (IEA) d’Aix-Marseille Université, s’adressent aux chercheurs confirmés – académiques, scientifiques et/ou artistes. Ces résidences de recherche sont distribuées sur quatre programmes (« Arts & sciences : savoirs indisciplinés », « Explorations interdisciplinaires », « Méditerranée » et « Utopies nécessaires »).