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El Arabi Sofia

Disciplines : Anthropologie politiqueGéographie culturelleGéographie historiqueGéographie politique
Poste et institution de provenance : Docteure en géographie politique, culturelle et historique, Sorbonne Université
Type de résidence : Résidence de recherche annuelle
Programme de recherche : Méditerranée
Période de résidence : Février – juillet 2024

Projet de recherche

Solidarités musulmanes et résistances infra-politiques en contexte de crise migratoire à Marseille et à Oujda

Résumé du projet

Dans un contexte post-pandémique et de multiples crises mondiales, le projet de recherche de Sofia El Arabi à l’Iméra, Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université, se concentre sur la crise des politiques d’asile et d’accueil des populations migrantes en Méditerranée. Ce projet propose une lecture renouvelée de la question migratoire et de sa réception dans deux villes méditerranéennes, Marseille et Oujda. L’ambition est d’étudier comment des mécanismes de solidarité se mettent en place, opèrent, et d’analyser les registres d’action des organisations humanitaires et des organisations religieuses, qui pallient les insuffisances des dispositifs d’accueil institutionnels. L’étude examinera les discours de la solidarité méditerranéenne mobilisés par les organisations de la société civile (d’orientation islamique et non islamique) et par les migrants en interrogeant l’écart entre « le texte public » avec « le texte caché » (Scott, 1992). Il s’agit d’évaluer la manière dont ces discours et positions officielles perturbent la géographie européenne dominante des frontières. Cette recherche met en lumière les luttes autonomes des acteurs locaux qui contestent et contournent les frontières et leur rôle dans la transformation des identités méditerranéennes contemporaines en contexte capitaliste.

Subjectivités politiques et solidarités musulmanes au-delà des récits de crise migratoire : une perspective alternative à Oujda et à Marseille

S’inscrivant dans la continuité de sa thèse, le projet de Sofia El Arabi explore les dynamiques de solidarité et les processus de subjectivation politiques qui en émanent à l’échelle des villes de Oujda et de Marseille. En décentrant l’attention des approches sécuritaires, ce projet adoptera le point de vue des subjectivités individuelles et collectives, via le prisme de l’infra-politique des solidarités qui tentent de contrecarrer les dispositifs d’exclusion des migrants. Il explore les manières de pratiquer, d’organiser les formes de solidarité musulmane en étudiant leur articulation à travers des organisations dites islamiques, ainsi qu’au travers des interactions entre ces organisations et d’autres acteurs de la société civile, tant religieux que non religieux. Une attention particulière sera portée au rôle des organisations solidaires de la société civile dans la construction de récits alternatifs d’identité et de subjectivité et dans la production de nouvelles formes de civilité et de citoyenneté qui s’appliquent tant aux migrants qu’à ceux qu’ils rencontrent. Ces résistances locales et modes d’engagement rendent intelligibles le processus de recodage des instruments de contrôle migratoire et l’évolution des migrants à travers les termes hiérarchisés de ces systèmes. L’accent est mis sur les nouvelles solidarités religieuses et les vocations qui émergent dans le contexte de la migration, démontrant ainsi l’interaction dynamique entre la religion et les crises du XXIe siècle.

Identités méditerranéennes en mutation : rôle des solidarités musulmanes à Marseille et à Oujda

Le projet se propose d’examiner les processus sous-jacents à la construction des initiatives urbaines d’accueil des migrants dans des perspectives croisées, et d’éclairer les cadres théoriques et empiriques qui les étayent, incluant notamment le devoir d’hospitalité, l’offre de refugeet les revendications d’appartenance. L’objectif est de saisir l’impact des actions collectives sur l’évolution et la transformation des identités religieuses musulmanes et leurs pratiques de religiosité associées.La recherche explore la variation des seuils de l’étrangeté, les dynamiques de reconnaissance, le potentiel d’innovation des solidarités et le processus de reconfiguration des imaginaires dans les deux rives de la Méditerranée. À ce titre, le paradigme des « forces imaginantes du droit » (Delmas-Marty, 2006) mobilisé constitue un cadre novateur en contrepoint d’une épistémologie de la Méditerranée noire au service de nouvelles formes de solidarité. Le projet prend appui sur une méthodologie de recherche-action participative combinant des observations (non participantes et participantes), des Focus-groups avec les migrants, des entretiens non directifs et semi-directifs menés auprès des mondes opérationnels (associatif, militant, artistique, privés et publics). En portant la focale sur les villes de Marseille et Oujda comme laboratoires d’observation, la recherche apportera des perspectives inédites sur la manière dont l’activisme solidaire contribue à reconstruire le vécu migratoire et à recadrer la crise de l’accueil des migrants, tant au niveau individuel, collectif qu’organisationnel.

Biographie

Sofia El Arabi a obtenu son doctorat en Géographie politique, culturelle et historique en 2020 à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, au sein de L’École doctorale de géographie de Paris (ED 434) Espaces, Sociétés et Aménagement, affiliée au Laboratoire de recherche ENeC (Espaces, Nature et Culture). Parallèlement à ses recherches empirico-théoriques, elle a dispensé des cours en licence et en master à l’Université Paris Cité, à l’Université de la Sorbonne et à l’emlyon business school.

Elle a fondé l’Association de Solidarité pour l’Appui des Migrants (ASAM) à Taza, au Maroc, ce qui lui permet de s’engager activement dans des missions humanitaires au sein des camps de migrants transsahariens et de travailler de concert avec les corps intermédiaires territoriaux. En janvier 2022, Sofia El Arabi devient chercheuse associée au Centre d’excellence du City Diplomacy Lab de Columbia Global Centers de Paris (CGC|Paris). En février 2023, elle obtient la qualification en section CNU 23, spécialisée en Géographie physique, humaine, économique et régionale. À partir de mai 2023, Sofia El Arabi rejoint en tant que chercheuse associée le Laboratoire d’Anthropologie Politique (LAP-UMR 8177) à l’EHESS-CNRS. Elle s’engage également dans la préparation du concours de recrutement de l’enseignement supérieur en vue de devenir Maître de Conférences (MCF). Elle est Fellow de l’Institut Convergences Migrations (ICM) pour la période 2022-2025, au sein du Département POLICY. Son rattachement à ces structures lui permet de travailler en réseau dans l’horizon d’un prolongement de ses enquêtes au Maroc et d’une plus-value scientifique de ses recherches sur la question des mobilités des Suds, des politiques d’accueil des migrants en Méditerranée et de la frontiérisation. Sa riche expérience et son engagement tant sur le terrain humanitaire que dans la recherche académique illustrent son implication dans des projets liés au développement, à la gouvernance des migrations et à la géographie.

Appels à candidature

Les résidences de recherche que propose l’Iméra, Institut d’études avancées (IEA) d’Aix-Marseille Université, s’adressent aux chercheurs confirmés – académiques, scientifiques et/ou artistes. Ces résidences de recherche sont distribuées sur quatre programmes (« Arts & sciences : savoirs indisciplinés », « Explorations interdisciplinaires », « Méditerranée » et « Utopies nécessaires »).