Crédit : Timothée Andonian / Iméra
Reill Dominique
Projet de recherche
Le maire Habsbourgeois de New York : Fiorello LaGuardia
Résumé du projet
Dans les livres de l’histoire politique américaine, Fiorello LaGuardia se dresse tel une figure imposante, émergeant de l’obscurité relative pour devenir le maire de New York pendant trois mandats. Cependant, peu de choses ont été explorées concernant les années formatives de ce leader charismatique, et le projet entrepris par Dominique Reill à l’Iméra, Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université, vise à élucider ce mystère.
L’histoire de LaGuardia commence en 1906 lorsqu’il arrive à New York, muni de la citoyenneté américaine et parlant couramment l’anglais. Malgré son arrivée sans emploi et avec des ressources limitées, il connaît un succès remarquable, devenant Procureur Général de l’État de New York, membre du Congrès américain et enfin maire de la ville. Le projet de recherche de Reill se plonge dans les liens entre LaGuardia et le monde méditerranéen-habsbourgeois dans lequel il a vécu avant de faire sa marque à New York. Ce monde était caractérisé par de multiples langues, des conflits ethniques et des grèves ouvrières, autant d’éléments qui ont joué un rôle crucial dans le façonnement de sa trajectoire politique.
Grâce à des recherches approfondies menées en Italie, Slovénie, Croatie, Hongrie, New York et Washington, D.C., Reill dévoile les transformations politiques parallèles qui se sont déroulées de part et d’autre de l’Atlantique. Le projet vise à démontrer à quel point le développement politique de l’Amérique, en particulier son orientation anti-élitiste, tournée vers le bien-être, progressiste et populiste, a été influencé par les événements en Méditerranée habsbourgeoise. La bourse Fulbright-Iméra permettra à Reill de consolider ces découvertes et d’éclairer la manière dont les premières expériences de LaGuardia en Europe l’ont préparé à dominer la politique de New York même avant son arrivée.
Les Racines Transatlantiques du Populisme-Progressiste Américain
Le projet de recherche de Dominique Reill propose de créer une biographie sociale du populisme-progressiste américain, ancrée dans les expériences des immigrants issus de l’Europe habsbourgeoise, source du plus grand contingent d’immigrants aux États-Unis au début du XXe siècle. Le projet postule que les techniques de campagne audacieuses et médiatiques ainsi que le style irrévérencieux de LaGuardia ont été directement influencés par les mondes urbains européens où il a prospéré initialement.
Dans l’Europe habsbourgeoise du tournant du siècle, les campagnes orientées vers les masses transformaient les mairies et les parlements, donnant lieu à une « politique nouvelle ». Les premières années de LaGuardia dans ce contexte lui ont permis de découvrir les tactiques des agitateurs de rue, des rassemblements ethniques et des grèves, autant d’éléments qui ont contribué à son succès ultérieur dans la politique américaine. Son multilinguisme, acquis pendant son séjour en Europe habsbourgeoise, a joué un rôle crucial dans sa capacité à communiquer avec des électeurs issus de divers milieux ethniques, ce qui le démarquait de ses concurrents qui se concentraient sur un seul groupe ethnique.
La recherche de Reill vise à montrer comment l’origine européenne de LaGuardia lui a fourni une perspective unique et des outils que ses homologues américains n’avaient pas. Alors que ses adversaires cherchaient à séduire des groupes ethniques spécifiques, LaGuardia embrassait l’idée habsbourgeoise de la diversité comme catalyseur du progrès et du succès. En contextualisant l’histoire de LaGuardia dans un cadre européen, Reill vise à rectifier les idées préconçues persistantes sur l’influence des immigrants démunis sur la culture politique américaine et à démontrer l’interconnexion des processus politiques mondiaux.
Resurrection d’un LaGuardia Transnational
En mettant au jour les origines européennes de LaGuardia et en replaçant son ascension dans un contexte habsbourgeois, le projet de recherche de Dominique Reill vise à remettre en question les récits historiques conventionnels. Le projet dépasse la vision traditionnelle des immigrants américains du début du XXe siècle, dépeints comme venant de régions rurales d’Europe et jetés dans le tourbillon de la métropole grouillante de New York.
Au contraire, le travail de Reill met en lumière la croissance et l’influence significatives des villes habsbourgeoises, où les idées et le sens politique de LaGuardia ont été façonnés avant même son arrivée à New York. Cette perspective transnationale permet une compréhension plus profonde des liens entre les États-Unis et l’Europe à cette époque, révélant comment les villes explosives, modernisées et peuplées d’immigrants en Europe ont façonné le paysage politique de New York et de la nation.
En fin de compte, « The Habsburg Mayor of New York » promet d’être un manuscrit novateur qui non seulement corrige les erreurs de caractérisation historique, mais offre également une perspective nouvelle sur l’histoire américaine, en mettant l’accent sur son interconnexion mondiale et l’impact profond de la migration transatlantique sur le développement politique du pays.
Biographie
Dominique Reill est née à Los Angeles et a grandi entre les panoramas époustouflants des montagnes de Topanga et les paysages de l’Allemagne de l’Ouest. Elle a entrepris des études universitaires en histoire à l’Université de Californie à Berkeley, enrichissant son parcours académique par une année d’études à l’étranger à Bologne, en Italie, où elle s’est plongée dans l’histoire italienne, les études sur les femmes et les études du Moyen-Orient.
Après avoir terminé ses études universitaires, Dominique a vécu à Paris et à Rome avant de se lancer dans une carrière universitaire à l’Université Columbia. Elle s’est spécialisée en études italiennes, habsbourgeoises et balkaniques. Elle a consacré une année de recherche pour son premier livre en Italie, explorant Florence, Venise et Trieste, puis a passé trois ans en Croatie, s’immergeant dans les villes de Zagreb et de Zadar. En 2007, sous la direction de mentors éminents tels que Victoria de Grazia, Istvan Deak, Volker Berghahn, Mark Mazower, Larry Wolff et Samuel Moyn, elle a obtenu son doctorat en histoire avec mention très bien.
En tant que boursière Remarque et professeure assistante invitée à l’Université de New York en 2006-2007, Dominique a continué à approfondir ses recherches académiques. En 2007, elle a rejoint le corps enseignant du département d’histoire de l’Université de Miami et a obtenu sa titularisation en 2013. Son dévouement à la recherche l’a conduite à mener des explorations approfondies en Italie, en Croatie, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux États-Unis pour ses premier et second livres. Actuellement, elle est rédactrice pour la série de livres Central European Studies de la Purdue University Press et a déjà contribué en tant que rédactrice associée pour la revue American Historical Review. Son expérience en édition comprend également un rôle de rédactrice pour la revue Contemporary European History de la Cambridge University Press de 2015 à 2020, et elle siège actuellement au comité éditorial de cette revue. Par ailleurs, Dominique occupe des postes clés au sein du Botstiber Institute for Austrian-American Studies, du Journal of Austrian-American History (JAAH), du Comité exécutif de la Society for Italian Historical Studies (SIHS) et elle est Vice-Présidente Élue de la Central European History Society (CEHS).
Les intérêts académiques de Dominique Reill résident dans la mise en lumière des histoires méconnues de l’Europe moderne, s’éloignant des récits bien connus pour explorer des aspects négligés de l’histoire. En tant que professeure à l’Université de Miami, elle enseigne aux étudiants à considérer l’Europe comme un monde inconnu, mettant l’accent sur les dynamiques culturelles et sociales aux côtés des histoires politiques qui captivent les étudiants. En reconnaissance de sa contribution à l’université, Dominique a été promue Professeure Titulaire d’Histoire Moderne de l’Europe en 2022. Au sein de l’université, elle a activement participé à divers comités, notamment en tant que membre du Comité Exécutif du Sénat des enseignants-chercheurs (le GWC) et du Comité d’examen de la titularisation de l’université. Elle est membre fondatrice du comité sur la diversité, l’équité et l’inclusion de son département, et elle a également occupé des postes antérieurs en tant que Directrice des Études de premier cycle et membre du Comité des Études Supérieures et du Comité Exécutif.
