Crédit : Timothée Andonian / Iméra
De Beukelaer Christiaan
Publication
Projet de recherche
Expédier le futur :
Repenser le transport maritime de marchandises en accord avec l’Accord de Paris
Résumé du projet
À la fin de février 2020, Christiaan De Beukelaer s’est lancé dans un projet de recherche ethnographique à bord de l’Avontuur, un voilier centenaire, afin de comprendre comment les navires transportant des marchandises sous voiles peuvent fonctionner de manière durable. À Iméra, il réfléchira, lira et écrira en tant que membre du groupe de chercheurs travaillant sur les « Utopies nécessaires » pour faire avancer son projet « Navigation dans les biens communs océaniques : régulation et préfiguration ». Son travail sur la décarbonisation du transport maritime et la propulsion éolienne consiste autant à imaginer l’avenir qu’à rompre avec le passé. C’est pourquoi il appelle la phase actuelle de sa réflexion « Naviguer vers l’avenir ».
Le transport à voile et la préfiguration d’une navigation durable
L’industrie maritime est un pollueur majeur, contribuant de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre. Cependant, de petits navires de charge à voile, tels que l’Avontuur, offrent un lueur d’espoir pour le transport maritime durable. Le voyage de Christiaan à bord de l’Avontuur lui a permis d’explorer le fonctionnement de ces entreprises niches préfiguratives et leur vision de la décarbonisation de l’industrie maritime grâce à la propulsion éolienne. En mer, il a documenté les défis et les opportunités auxquels ils sont confrontés dans cette entreprise. Il a publié le livre « Trade Winds / Cargo à Voile » qui relate ce voyage. À Iméra, il continue de se concentrer sur l’industrie maritime, mais avec un angle quelque peu différent : la tension entre les visions normatives pour l’avenir et les trajectoires « réalistes » ou « possibles » de l’action climatique poursuivies par l’industrie et son organe de régulation, l’Organisation Maritime Internationale.
L’Exploration ethnographique :
En tant que chercheur ethnographique, Christiaan s’est immergé dans le mouvement du transport à voile pour comprendre sa communauté diversifiée, y compris les fondateurs d’entreprises, les actionnaires, l’équipage professionnel, les propriétaires de marchandises et les bénévoles. Il a mené des entretiens et échangé avec divers acteurs pour comprendre leurs motivations, leurs visions et leurs objectifs. En observant leur plaidoyer axé sur l’action en faveur de l’intervention en matière de changement climatique, il a mis en évidence la contribution des initiatives de transport à voile à la politique climatique préfigurative.
Examen des visions :
La recherche de Christiaan analyse de manière critique les visions futures implicites dans les initiatives climatiques de l’industrie maritime. Il cherche à comprendre s’il est possible de regarder au-delà des changements de mécanismes de propulsion en s’attaquant à la consommation excessive et à la demande de transport maritime. Cette analyse vise à mettre en lumière les complexités et les contradictions de l’action préfigurative (à travers la propulsion éolienne) et de la régulation (à travers les négociations de l’OMI) ainsi que leur rôle dans la trajectoire de décarbonation de l’industrie maritime.
Anthropologie de la politique et la quête de la justice climatique
Le Défi des émissions du transport maritime :
Les énormes émissions de gaz à effet de serre de l’industrie du transport maritime constituent un défi majeur pour les objectifs climatiques mondiaux. La recherche de Christiaan adopte une approche « d’anthropologie de la politique », axée sur la réglementation des émissions du transport maritime et les tensions entre les engagements réglementaires pragmatiques de l’OMI et les objectifs ambitieux du mouvement du transport à voile.
Priorités concurrentes dans la coalition des hautes ambitions :
Christiaan étudie les approches des Îles Marshall dans la négociation de réglementations sur les émissions. Il explore comment cet État du Pacifique concilie son engagement envers des actions climatiques ambitieuses avec les intérêts nationaux de l’industrie maritime. En analysant des documents officiels et en menant des entretiens avec des experts, Christiaan vise à construire un cadre conceptuel pour la politique publique régissant les hautes mers à l’ère de l’Anthropocène.
Transition juste et équitable :
L’un des défis majeurs de la décarbonisation du transport maritime est de veiller à ce que la transition énergétique n’abandonne personne. Christiaan explore le concept de « transition juste et équitable » au sein des négociations de l’OMI, concept qui peut être interprété différemment par divers acteurs. Le travail de Christiaan examine également les implications plus larges de ses découvertes pour d’autres organisations intergouvernementales et domaines de politique publique.
Biographie
Christiaan De Beukelaer s’est mis à la voile pour s’évader de son bureau les weekends. Cela fonctionnait bien, jusqu’à ce qu’il développe un intérêt pour la décarbonisation de l’industrie maritime.
Formé en tant que Musicologue à l’Université d’Amsterdam, Christiaan a ensuite étudié les Études Culturelles et les Études du Développement à l’Université de Leuven. Par la suite, il a vécu au Burkina Faso et au Ghana pour étudier comment les gouvernements et les organisations internationales mobilisaient les industries musicales comme moteur de « développement », dans le cadre de ses études doctorales à l’Université de Leeds. Cette recherche récompensée l’a conduit à assister à certains des meilleurs (et des pires) concerts auxquels il ait jamais assisté.
Tout au long de sa carrière en tant qu’anthropologue des politiques, Christiaan a cherché à comprendre comment le pouvoir et l’idéologie influencent la gouvernance et la réglementation. Après avoir travaillé dans le domaine des politiques culturelles pendant une décennie, il a changé de cap pour contribuer à résoudre la crise climatique et repenser l’avenir du transport maritime en se concentrant sur les politiques climatiques. Le fil conducteur de ses recherches est une tentative de comprendre comment les Nations Unies peuvent être à la fois dysfonctionnelles et essentielles pour un environnement florissant et la dignité humaine face à une crise climatique planétaire existentielle. Car de grandes idées seules ne suffisent pas souvent à changer le monde.
Christiaan a grandi à Gand, où il a passé une grande partie de son adolescence à vivre sur une péniche sur la rivière l’Escaut. Il travaille à l’Université de Melbourne et est membre associé de la Royal Geographical Society.
