Crédit : Timothée Andonian / Iméra
Achcar Gilbert
Projet de recherche
Science et religion : modernité d’Ibn Khaldoun
Résumé du projet
Le projet de recherche de Gilbert Achcar à l’Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université (Iméra) souhaite montrer comment la scientificité d’Ibn Khaldoun dans la réflexion sociale et historique s’est établie par une séparation de fait entre l’ordre du divin et l’histoire réelle. C’est la raison principale de sa modernité qui précède de près d’un siècle celle de Machiavel.
1. Recherche de la véridicité, et notion de « science » appliquée à l’histoire :
Abdel-Aziz al-Douri (bahth fi nasha’at ilm al-tarikh indal-arab) souligne que dès le début l’histoire est considérée comme ilm (par opposition à ra’y) – le critère de véridicité s’appliquant dans la critique des récits.
2. Le pas extrême franchi par Thucydide dans l’exigence de véridicité :
Critique d’Hérodote pour l’ampleur de son ambition historiographique. La seule connaissance certaine est la connaissance directe : guerre du Péloponnèse. Écho direct chez Ibn Khaldoun, avec critique de Masudi (sa cible privilégiée)
3. La relativité contre l’ethnocentrisme
Ibn Khaldoun est resté conscient du fait que son apport historiographique original concerne le Maghreb.
Critique du contresens flagrant consistant à lui attribuer un projet d’« histoire universelle » (devenu même titre de la traduction de la Muqaddima par Vincent Monteil).
Comparaison entre la Muqaddima et Mourouj al-dhahab de Mas’udi. La démarche d’ Ibn Khaldoun est tout autre : les Arabes puis les Berbères sont placés au centre du propos non par ethnocentrisme, mais – tout au contraire – par modestie scientifique et sens de la relativité.
Biographie
Gilbert Achcar est diplômé en Philosophie (ESL, Beyrouth), Sciences Sociales (UL, Beyrouth) et docteur en Histoire Sociale/Relations Internationales (Université Paris-VIII). Avant de rejoindre SOAS en 2007, il a enseigné et/ou fait des recherches dans diverses universités et centres de recherche à Beyrouth, Berlin et Paris. Ses nombreux livres, publiés dans un total de 15 langues, incluent : The Clash of Barbarisms: The Making of the New World Disorder (2002, 2006) ; Perilous Power: The Middle East and U.S. Foreign Policy, co-écrit avec Noam Chomsky (2007, 2008) ; The Arabs and the Holocaust: The Arab-Israeli War of Narratives (2010); Marxism, Orientalism, Cosmopolitanism (2013); The People Want: A Radical Exploration of the Arab Uprising (2013); et Morbid Symptoms: Relapse in the Arab Uprising (2016).