Le 17 janvier 2024, Laure Astourian, chercheuse en résidence Mucem / Iméra 2023-24, animera une masterclass autour du film Moi, un Noir de Jean Rouch, à l’amphithéâtre du bâtiment Turbulence d’Aix-Marseille Université.
Le cinéma a été pour moi la remise en question de ce qu’avait été l’ethnographie, c’est-à-dire l’étude d’une population que l’on connaît bien, mais qui reste étrangère. Et là, tout d’un coup, j’avais l’impression de faire moi aussi de l’improvisation, comme dans le jazz hot. Et avec un très grand avantage moral, car, qui était l’auteur ? C’était moi et les copains. (…) Les gens de la Nouvelle Vague ont été épatés par ce film qui avait coûté 2,5 francs et qui remettait un peu en en question le cinéma.
Jean Rouch
Masterclass de Laure Astourian (Iméra/Mucem/Bentley Univ.) autour du film Moi, un Noir de Jean Rouch
La masterclass aura lieu dans la salle Turbulence le mercredi 17 janvier de 16h à 19h45.
L’événement commencera par une projection de Moi, un Noir (Jean Rouch, 1958, ~1h10 min.).
La projection sera suivie d’une masterclass de Laure Astourian, maître de conférences à l’université Bentley (Massachusetts) et chercheuse en résidence Mucem / Iméra. Son premier livre, The Ethnographic Optic: Jean Rouch, Chris Marker, Alain Resnais, and the Turn Inward in 1960s French Cinema, paraîtra chez Indiana University Press en juin 2024.
Moi, un Noir, un film de Jean Rouch
Lauréat du prestigieux Prix Louis Delluc en 1958, Moi, un Noir, marque la rupture de Jean Rouch avec l’ethnographie traditionnelle et son adhésion aux stratégies collaboratives et improvisées qu’il appelle « ethnographie partagée » et « ethnofiction ».
Moi, un Noir est un des films les plus connus et commentés de la filmographie rouchienne. Il est le premier long-métrage achevé par Rouch, distribué et projeté en salle en 1960 ; il est aussi sa première fiction achevée. (Jean Rouch, Scheinfeigel, Maxime. Auteur; Marie, Michel. Préfacier, Edité par CNRS éd. Paris – 2008). L’impact du film est notamment mesurable à ce qu’en écrit Jean-Luc Godard dans les trois articles qu’il lui a consacrés. Le premier, « Jean Rouch remporte le prix Louis Delluc » mesure la nouveauté du film à celle de Rome, ville ouverte, en son temps. Le deuxième, « Étonnant (Moi, un noir, Jean Rouch) » évoque cette fois une parenté avec Un Roi à New York. Le troisième, « L’Afrique vous parle de la fin et des moyens », situe le film dans un « immense triptyque nigérien », entre Les Fils de l’eau et Jaguar (non encore sorti), venant se constituer en fait comme « une porte ouverte sur un cinéma nouveau » (Voir Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard, tome 1, op. cit, respectivement pp. 155, 177 et 180-182).
La tradition ethnographique dans le cinéma français des années 1960
La Masterclass qu’animera Laure Astourian le 17 janvier 2024 autour du film Moi, un Noir de Jean Rouch, fait partie de son livre intitulé The Ethnographic Optic: Jean Rouch, Chris Marker, Alain Resnais, and the Turn Inward in 1960s French Cinema (à paraître en juin 2024 chez Indiana University Press) qui met en lumière une forte dimension ethnographique présente dans le cinéma français de cette période.
Laure Astourian explore comment l’impulsion et la métaphore ethnographiques ont influencé un important mouvement cinématographique en France et comment ces films ont répondu à la fin de l’empire colonial français et à son impact sur l’identité urbaine française. Cette étude se concentre principalement sur trois cinéastes renommés, à savoir Jean Rouch, Chris Marker et Alain Resnais, dont les œuvres des années 1950 se caractérisaient par un engagement sophistiqué envers l’altérité et dont les films du début des années 1960 portaient un regard ethnographique « self-aware » sur la France urbaine.
Organisation / partenaires
- Laurent Van Lancker (Chaire A*Midex à Aix-Marseille Université / IDEAS)
- Cécile Van Den Avenne (EHESS/IMAF)
Réservation et informations pratiques
- Réservation requise. La date butoir pour les réservations est le vendredi 12 janvier.
- Il y a 70 places dans la salle.
- Adresse de l’amphithéâtre Salle Turbulence : 3 place Victor Hugo, 13003 Marseille
Fichiers attachés:
Notre chercheuse en résidence
Laure Astourian est une spécialiste du cinéma français des années 1950 et 1960 actuellement chercheuse en résidence Mucem / Iméra à l’Iméra, Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université. Elle se concentre particulièrement sur les œuvres de Jean Rouch, Chris Marker, Alain Resnais, Agnès Varda et Jean-Luc Godard. Elle a obtenu son doctorat au département de français de l’Université Columbia (New York) en 2016 sous la direction de son directeur de thèse, Vincent Debaene. En 2016-2017, elle a reçu la bourse Phi Beta Kappa Mary Isabel Sibley en études françaises. Depuis 2017, elle est maîtresse de conférences à l’Université Bentley (Massachusetts). Avec le soutien d’une bourse de recherche Fulbright, elle a passé l’automne 2021 à travailler sur son premier livre, The Ethnographic Optic: Jean Rouch, Chris Marker, Alain Resnais, and the Turn Inward in 1960s French Cinema (à paraître en juin 2024 chez Indiana University Press), à l’École normale supérieure (Ulm), sous la direction d’Antoine de Baecque.