Le 23 et 24 mai 2024, la station marine d’Endoume et le Mucem accueilleront un colloque international intitulé  » Une histoire d’art bleue : création artistique, biodiversité et environnement océanique (XIXe-XXIe siècle)  » avec la participation de Jérémie Brugidou, chercheur en résidence pluriannuelle à l’Iméra, et Lino Camprubi, ancien chercheur en résidence à l’Iméra (2021-22).

Colloque international
Une histoire d’art bleue : création artistique, biodiversité et environnement océanique (XIXe-XXIe siècle)

Le 23 Mai à la station maritime d’Endoume
Le 24 Mai au Mucem

« L’océan est l’objet le plus vaste du monde » (Mentz, 2020), c’est ainsi que le décrit le chercheur en littérature Steve Mentz, qui travaille au rapprochement de différentes formes de savoir sur cette entité insaisissable. Mentz a forgé le terme de blue humanities pour fédérer les travaux aux méthodologies interdisciplinaires prenant l’océan pour sujet. Ces travaux rendent compte d’une modification progressive des rapports qu’entretiennent avec lui les humains, et ont participé à mettre en évidence un potentiel tournant océanique dans l’histoire des sensibilités (DeLoughrey, 2013).

Les arts ont accompagné ce tournant et proposé, à travers l’histoire, des cadres esthétiques et conceptuels originaux en s’emparant des caractéristiques de l’environnement océanique par le prisme du sensible. Lieu de fluidité, de déplacements et de migrations, l’océan catalyse aussi l’attrait humain pour l’inconnu et les limites de nos connaissances ou de nos possibilités d’accès physique – les visions du monde sous-marin étant tributaires de dispositifs techniques (Cohen, 2022). Les artistes en ont fait le modèle d’une expérience sensorielle autre, libérée des repères temporels et spatiaux terrestres. C’est aussi un milieu où prend effet un décentrement, et par là un mode d’attention exceptionnel aux non-humains. Dans le contexte de l’anthropocène, il est appréhendé de manière croissante sous l’angle de la biodiversité qu’il accueille, de son unicité écosystémique et de son rôle de régulateur du climat à l’échelle de notre planète.

Ce colloque interdisciplinaire fait converger les regards vers l’analyse des arts et de leurs capacités de représentation au service de la constitution et de la transmission de savoirs, de différentes natures, sur l’océan. Leur pouvoir d’exploration des enjeux de société associés à ces savoirs est également abordé. Chercheuses et chercheurs en sciences marines, histoire, anthropologie, écologie, histoire et philosophie des sciences, littérature, esthétique ou encore en muséologie, parmi d’autres, s’emparent en effet d’œuvres d’art afin d’enrichir leurs travaux d’une dimension d’analyse du sensible. L’histoire de l’art est bien sûr aux avant-postes de ces observations, tout comme les artistes formulant des discours sur leur propre pratique. Ce colloque les met en discussion à travers des panels thématiques et des tables rondes interdisciplinaires.

Une attention particulière est également portée à la matérialité des productions artistiques étudiées : que signifie travailler à partir du vivant marin dans l’art et que cela dit-il de l’histoire du rapport humain à la biodiversité marine ? Quelle place leur donner au sein des musées actuels d’art, de sciences et de société? Comment peuvent être matérialisées les réflexions issues des blue humanities dans les musées de société dans le contexte environnemental actuel ? Les discussions seront l’occasion de partager des outils d’analyse et de fédérer des perspectives communes aux humanités environnementales – et plus spécifiquement aux blue humanities – à travers les arts.

Programme