L’Iméra organise trois conférences ouvertes au public intitulées : « Entre le monde réel et le monde de l’image » autour des thèmes de la modernité arabe, de la science-fiction et du rapport aux images de violence. 1. « La Modernité arabe comme projet de science-fiction » de Tarek El-Ariss, professeur et titulaire de la chaire du département d’Études du Moyen-Orient à l’université de Dartmouth. 2. « Pris entre le réel et l’image » de Stefan Tarnowski, chercheur associé au Collège Corpus Christi à Cambridge, et post-doctorant au sein du programme ‘Views of Violence’ à l’université de Copenhague. 3. « Journal d’un futur » par Rania Stephan, artiste – réalisatrice & senior fellow à l’Iméra. Les conférences seront suivies d’une conversation entre Tarek El-Ariss et Rasha Salti, chercheuse, écrivaine, productrice, commissaire d’exposition et chargée du programme “La Lucarne” sur Arté-TV – autour de la parution du livre de Tarek El-Ariss Water on fire.
Vendredi 14 juin 2024, Maison des Astronomes, 2 Place Leverrier 13004 Marseille.
Entre le monde réel et le monde de l’image
10-13h00 | Trois conférences ouvertes au public avec Tarek El-Ariss, Stefan Tarnowski, Rania Stephan | Maison des Astronomes, 2 Place Leverrier 13004 Marseille |
16-18h00 | Signature du livre Water on fire avec Tarek El-Ariss et Rasha Salti | Artless Galery and English Bookstore, 1 Rue Ferdinand Rey, 13006 Marseille |
LA MODERNITÉ ARABE COMME PROJET DE SCIENCE-FICTION (en anglais) par TAREK EL-ARISS
Du canal de Suez reliant orient et occident, au barrage d’Assouan qui rivalise avec les temples antiques et leurs dieux anciens, en projetant l’Égypte dans le futur avec l’électricité et l’industrie naissante, on peut considérer la modernité arabe comme un projet de science-fiction qui implique de nouvelles conceptions du temps et de voyages dans le temps. Cette période souvent appelée « l’âge moderne », est caractéristique d’un projet de construction culturelle et même politique, mais surtout d’un accès au futur. Cette conférence aborde ces concepts en examinant certains événements historiques, de l’invasion de l’Égypte par Napoléon et l’utopie saint-simonienne aux tentatives nassériennes d’entrer dans le futur à travers des modèles de nationalisation et de construction d’un État-nation.
PRIS ENTRE LE RÉEL ET L’IMAGE (en anglais) par STEFAN TARNOWSKI
En regardant des images d’atrocités, l’hypothèse théorique générale est qu’un événement a été « capturé par la caméra ». L’axe de causalité va de l’atrocité à sa capture ou à sa représentation. Cette chaîne causale allant de l’événement à l’image, forge également une division entre le « monde réel » et le « monde de l’image » (Sontag 1978), et aide à maintenir ces deux « mondes » théoriquement distincts. La plupart des questions politiques et éthiques posées par les théoriciens sur le visionnage et la circulation des « images violentes » supposent ainsi l’antériorité d’un événement à sa représentation photographique. En Syrie, cependant, les atrocités étaient fréquemment perpétrées pour être filmées. La trajectoire de l’image voyage vers le « monde réel » dès sa création. Cette conférence questionne en quoi, et si ce changement de direction de la causalité, modifie les enjeux politiques et éthiques de la vision et de la recirculation des images.
JOURNAL D’UN FUTUR (en français) par RANIA STEPHAN
Cette présentation tente de saisir la chronologie suspendue d’un projet de film. Pour écrire la suite de mon film « Mémoires pour un détective privé #2 », une fiction science-fiction, ma recherche est devenue une quête rhizomique sur la science-fiction, la physique quantique, l’exploration spatiale, le cinéma spéculatif arabe, le monde des séries télévisées futuristes telles que Fringe, parmi d’autres sujets. Du mystère de sa conception à l’assemblage de ses éléments constitutifs, le film, avant de prendre une forme concrète, devient un projet de recherche en constante évolution. Il se déplace dans l’espace et le temps, entre différents mondes et médias, réalités et représentations, reculs et progrès, se transformant lui-même en un objet de science-fiction
SIGNATURE DE LIVRE & CONVERSATION (16h – 18h) AVEC TAREK EL-ARISS & RASHA SALTI À ARTLESS GALLERY LIBRAIRIE ANGLAISE – 1 RUE FERDINAND REY, 13006 MARSEILLE
Water on Fire est un livre de mémoire évocateur et subtil, d’un grand spécialiste du Moyen-Orient, revisitant son enfance dans un Liban en guerre au sien d’une famille singulière. Il raconte une histoire personnelle d’immigration qui commence à Beyrouth dévastée par la guerre civile (1975–90), et continue dans l’exil en Europe et en Afrique. Le livre nous mène à travers des villes du nord-est des États-Unis livrées aux tempêtes de neige et aux crises économiques, et se termine à New York le 11 septembre 2001. C’est une histoire de perte mais aussi de transformation, mue par une résilience teintée d’humour, d’audace et d’irrévérence. Le livre est traversé d’interprétations de rêves peuplés entre autres, de monstres, de créatures invisibles et d’éruptions cutanées. Un livre sur des objets intimes et des éléments tel que l’eau et le feu, et la manière dont la rencontre avec ces éléments déclenche des associations, reliant le présent et le passé, l’espace et le temps.