Les 19 et 20 juin, Ranabir Samaddar, directeur du Calcutta Research Group et titulaire de la chaire EHESS/Iméra en études transrégionales (2022-23), organise un atelier de deux jours sur la crise, la conjoncture et la biopolitique d’en bas.

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Atelier : Crise, conjoncture et biopolitique d’en bas

19 juin à l’EHESS (2 rue de la Charité, 13002)

20 juin à l’Iméra (2 place Leverrier, 13004)

Une théorie de la crise ne suffit pas à donner un sens au désordre actuel et à l’anarchie, qui ressemblent déjà à une condition de chaos. Dans ce contexte, il est important de réfléchir en termes de corrélation des forces au moment d’une crise, de la conjoncture des événements et des forces, de la simultanéité ou de la quasi-simultanéité des événements, et donc de la manière dont la contention se matérialise et de la situation de rupture qui en résulte. Le thème de la crise et de la conjoncture nous aide à mieux comprendre l’histoire contemporaine des conflits coloniaux et postcoloniaux ainsi que certaines narrations du passé moderne lorsque le capitalisme a vu le jour.

Ces narrations nous parlent (a) des réponses politiques des classes inférieures lorsque le capitalisme a commencé, que Marx a qualifié d’« accumulation primitive », (b) de la constellation particulière des révoltes à l’époque coloniale, notamment dans la phase connue sous le nom de décolonisation, et enfin, (c) de la façon dont « le peuple » émerge en tant que catégorie gouvernementale moderne à l’époque postcoloniale. Dans ce contexte de crise et de conjoncture, nous sommes maintenant témoins d’un phénomène qui est au cœur de la question de la crise dans la procédure libérale de gouvernance.

Il s’agit du phénomène de la « biopolitique d’en bas », qui ne peut être compris et historiquement situé que dans le contexte d’une crise et d’un moment de conjoncture. Gouverner la vie avec diverses procédures apparaît dans l’histoire du pouvoir comme un réservoir central d’expériences de gouvernance et d’art de gouverner. La vie doit être productive et les gouvernements peuvent fonctionner sur la base d’une vie stable. Mais que se passe-t-il lorsque la vie est confrontée à une crise, comme c’est le cas dans de nombreuses régions du monde où les conditions de vie semblent instables ? De telles conditions, nous le verrons, peuvent engendrer une politique de la vie inattendue.

Basé sur les expériences indiennes, cet exposé vise à explorer la question de la biopolitique d’en bas dans le contexte des gouvernements confrontés à des crises, notamment à l’époque néolibérale. La présentation tournera autour de deux thèmes : (a) le contexte spécifique de multiples crises – la récente crise épidémiologique, la crise financière et la crise politique conduisant à une crise de la vie, et (b) en réponse à cette conjoncture, le phénomène de la « biopolitique d’en bas ». Il montrera pourquoi seule dans des moments spécifiques de crise et de conjoncture, la biopolitique d’en bas se matérialise en tant que phénomène.

La biopolitique d’en bas reconfigure nos notions de soin, de protection, de responsabilité et de solidarité. Les traces de cette politique apparaissant momentanément à la suite d’une crise peuvent sembler être des utopies, mais elles sont, pour utiliser une expression étrange, des « utopies nécessaires »

Programme

Jour I / 19 Juin (14-18h) / lieu: EHESS (2 rue de la Charité, 13002)

Mot de bienvenue et introduction à l’atelier – Valeria Siniscalchi (EHESS)

Intervenants :

  • Orateurs :
  • Ranabir Samaddar (Chaire EHESS-Iméra du programme « Utopies nécessaires » et Chaire distinguée en études sur la migration et les migrations forcées, Calcutta Research Group, Kolkata), Conjoncture et biopolitique d’en bas
  • Paula Banerjee (Chaire du CRDI sur le genre et le déplacement forcé, Université technique asiatique, Bangkok), Traite des êtres humains, frontières et biopolitique d’en bas
  • Sabyasachi Basu Ray Chaudhury (Professeur de science politique, Université Rabindra Bharati, Kolkata, et Directeur honoraire du Calcutta Research Group), L’anatomie d’une « crise » : les réfugiés du Bengale dans les îles Andaman

Jour II / 20 Juin (14-18h) / lieu : Iméra (2 place Leverrier, 13004)

Mot de bienvenue et introduction à l’atelier – Enrico Donaggio (Iméra)

  • Panagiotis Sotiris (Philosophe et journaliste, enseigne à l’Université ouverte hellénique, Athènes, et membre du comité de rédaction de Historical Materialism), Repenser la biopolitique d’en bas
  • Samita Sen (Professeure Vere Harmsworth d’histoire impériale et navale, Université de Cambridge, Cambridge), Politiques du foyer et du travail : migration et informalité en Inde
  • Livio Boni (Psychanalyste, auteur de Freud and the Archaeological Question, 2014, et co-auteur de Post-colonial Cities in India, 2017), Un matérialisme plus large ? L'(in)actualité de la biopolitique gandhienne
  • Conclusion

à propos de l’organisateur

Ranabir Samaddar est titulaire de la Chaire EHESS/Iméra en études transrégionales (2022-23). Son projet de recherche à l’Iméra, l’Institut d’études avancées de l’Université Aix-Marseille, intitulé « Biopolitique d’en bas, un nouveau modèle de pouvoir et une politique de la vie différente », vise à soutenir que les moments de crise, tels que la guerre, la famine ou une épidémie, donnent lieu à une biopolitique d’en bas. La question de la vie vient occuper le devant de la scène dans la politique des classes inférieures. L’émergence de la biopolitique d’en bas est donc conditionnée par les moments de crise.

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