Conférence #6 – 6 juin 2019

L’islam et la révolution.

Dans l’histoire du monde musulman, les révoltes n’ont jamais été comprises par les docteurs de la loi, les théologiens, les philosophes, les hommes de lettres, autrement qu’en termes de «désinstauration du monde».
Cette désinstauration du monde à laquelle appartient le phénomène révolutionnaire s’inscrit dans l’immense cycle du temps à trois faces décidé par le Créateur. Ce cycle comprend le temps originel de l’instauration de l’ordre du monde et des êtres, dérivant de la volonté absolue de Dieu, ensuite et en second lieu, les temps de la dèsinstauration de cet ordre par le mal humain, à commencer par le «péché de l’arbre» qui valut à l’homme la chute dans le temps terrestre et la vie souffrante, enfin et en troisième lieu les temps de la restauration de cet ordre, soit par l’effet direct de la volonté divine agissant surnaturellement sur les événements, soit par l’action salvatrice de l’homme pour juguler et extirper les racines du mal. Une «révolution» par conséquent s’inscrit dans le segment temporel de la désinstauration de l’ordre divin et naturel. Elle est fitna, désordre et trouble, et figure en bonne place dans les recueils de hadiths, les livres d’hérésiographie et les traités de droit, en tant que vecteur du mal humain. Quelle déstructuration de la pensée et quelles reconfigurations linguistiques ont pu rendre l’idée de révolution concevable dans le monde musulman ?

Cycle de conférences : L’Islam face au défi des temps modernes #6