La première des traductions prévues dans le cadre de l’Atelier de recherche ArTLib – Travail et Libertés est parue le 21 avril 2021 en italien aux éditions Mimesis de Milan. Il s’agit du volume La comédie humaine du travail de Danièle Linhart, sociologue au CNRS et conférencière en 2019 pour la 3ème conférence d’ArTLib : « La subordination des salariés: l’éternelle obsession managériale ». L’ouvrage initialement paru en français en janvier 2015 a reçu le Prix de l’Écrit Social 2015.

Le projet éditorial d’ArTLib

L’activité publique d’ArTLib ne consiste en effet pas seulement dans l’organisation de conférences et débats avec les meilleurs spécialistes de France. Elle prévoit également une série de publications directement liées à ces moments de rencontre et de discussion qui ont démarré en 2019 à l’Iméra.

Dans ce cadre, l’ouvrage collectif Travail et liberté aujourd’hui, dirigé par E. Donaggio, J. Rose et M. Cairo, est à paraître début 2022 aux éditions Érès. Ce livre recueillera les contributions des invités aux conférences de 2019 (C. Dejours, D. Linhart, M. Lallement, et autres), ainsi qu’une introduction, deux chapitres et une conclusion que les membres d’ArTLib ont écrit à seize mains pendant des longues séances d’écriture et de lecture collective.

En parallèle, pour réalimenter le débat scientifique italo-français – autrefois fondamental – autour des questions fondatrices d’ArTLib, il est également prévu une série de traductions, avec une postface inédite, des livres les plus importants des invités d’ArTLib, dont beaucoup n’ont pas été publiés de l’autre côté des Alpes. Le premier de ces volumes – La comédie humaine du travail de Danièle Linhart – vient donc de paraître en italien.

Résumé et informations sur l’ouvrage en italien : https://www.mimesisebookstore.it/fr/products/la-commedia-umana-del-lavoro

Résumé et informations sur l’ouvrage en français : https://www.editions-eres.com/ouvrage/3530/la-comedie-humaine-du-travail

La comédie humaine du travail – De la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale

Avec Taylor, le « père » de l’organisation scientifique du travail, les ouvriers devenaient un rouage passif, astreint à une stricte conformité aux consignes et modes opératoires. Leur travail devait se dérouler indépendamment de leur état d’esprit, de leurs états d’âme et de leurs savoirs.  

Le management moderne semble aux antipodes d’une telle orientation. Il clame sa volonté de reconnaître la dimension humaine des salariés, mise sur leur subjectivité, leur personnalité et tend à « psychologiser » les rapports de travail.

Pourtant, Danièle Linhart soutient que la logique reste la même : dans les deux cas, s’organise en réalité une disqualification des métiers, de la professionnalité, de l’expérience qui tend à renforcer la domination et le contrôle exercés par les dirigeants. Le résultat est le même : un travail qui perd son sens, qui épuise. Pire encore, le travail moderne précarise subjectivement les salariés, qui, constamment mis à l’épreuve, sont conduits à douter de leur propre valeur et légitimité.

En rapprochant Taylor des managers modernes, l’auteur questionne cette idéologie qui prend de plus en plus de place dans la réalité du travail telle qu’elle se dégage à travers ses propres enquêtes et celles des spécialistes en sciences sociales du travail.