Calvini-Lefebvre Marc

Disciplines : Études de la mémoireFéminismeScience citoyenne
Poste et institution de provenance : Maître de conférences en histoire britannique du XIXe siècle, Aix-Marseille Université
Type de résidence : Congé-recherche
Programme de recherche : Utopies nécessaires
Période de résidence : Février – Juillet 2023

Projet de recherche

Sites et agents de la mémoire féministe : un projet de science citoyenne

Résumé du projet 

Le 24 avril 2018, à la suite d’une campagne de deux ans menée par l’auteur, journaliste et militante féministe britannique Caroline Criado-Perez, la leader suffragiste Millicent Garrett Fawcett est devenue la première femme à être honorée d’une statue permanente sur la place du Parlement, cent quatre-vingt-six ans après George Canning, le premier de ses 11 prédécesseurs masculins. Deux ans plus tard, le 26 août 2020 à Central Park, New York, l’organisation Monumental Women a célébré le centième anniversaire du 19e amendement, qui accordait aux femmes le droit de vote, avec le dévoilement d’une statue honorant les leaders du mouvement pour le suffrage : Elizabeth Cady Stanton, Susan B. Anthony et Sojourner Truth. C’était la première statue de femmes historiques à être érigée dans cet espace public des plus prestigieux.

Ces consécrations spectaculaires de suffragistes de premier plan dans des sites aussi emblématiques de la mémoire nationale peuvent être lues comme une forme d’apothéose d’un processus entamé par les militants du suffrage eux-mêmes pour maintenir vivante la mémoire du mouvement dans des statues et des noms de rues, des plaques commémoratives et des monuments commémoratifs, des parcs et fontaines. Cependant, le fait qu’il ait fallu un siècle pour que de tels lieux de mémoire féministe s’érigent, non pas en périphérie, mais au cœur des grands centres urbains, rappelle la résistance ancienne – et continue – à l’idée que les femmes sont des participantes légitimes au processus politique. En effet, comme les champions de l’érection de ces statues l’ont puissamment soutenu, un symptôme de cette résistance est la place limitée accordée à la mémoire des mouvements de femmes, non seulement dans les programmes scolaires ou les cérémonies nationales mais aussi, et surtout, dans notre environnement bâti. L’enjeu est la transmission intergénérationnelle de la mémoire féministe, la diffusion d’histoires inspirantes d’activismes et d’oppressions passés, que les militantes utilisent pour motiver et mobiliser l’action féministe dans le présent.

L’ambition du projet de Marc Calvini-Lefebvre à l’Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université (Iméra) est à la fois de contribuer et d’interroger ce processus de transmission de la mémoire féministe, en engageant les citoyens dans la réalisation d’une carte numérique des mémoriaux au mouvement pour le droit de vote des femmes. Le coeur de ce projet des questions liées posent les questions de savoir comment on acquiert et transmet une «mémoire culturelle féministe» et de comment favoriser au mieux, à l’échelle de la société, une culture civique qui choisit activement de se souvenir de son passé féministe parce qu’elle valorise activement l’autonomisation des femmes dans le présent.

Biographie

Diplômé de l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence, de la London School of Economics and Political Science et du Goldsmiths College, University of London, j’ai été recruté en 2011 au poste de Maître de conférences en histoire britannique du XIXe siècle au sein de l’AMU Laboratoire d’Études et de Recherche sur le Monde Anglophone (UR 853). En plus des études britanniques, j’enseigne des cours d’études féministes et de genre. Depuis mon recrutement, j’ai cherché à contribuer à l’institutionnalisation des études de genre dans le milieu universitaire français tant au niveau local (GenderMed) que national (Institut du Genre, Paris). Mes principaux intérêts de recherche portent sur les idées féministes, l’histoire du féminisme et les mécanismes (ou les obstacles à) leur transmission au grand public. Mes projets de recherche à ce jour ont porté sur :

  • Le défi idéologique posé par la Grande Guerre à la réflexion féministe sur la relation entre citoyenneté, genre, guerre et paix dans la Grande-Bretagne du tournant du siècle.
  • Le défi épistémologique que pose aux sciences sociales le sens de la résistance des femmes au féminisme.
  • La mémorialisation du mouvement pour le droit de vote des femmes dans des lieux de mémoire, littéraux et non littéraux.

Les deux derniers projets ont été menés en collaboration avec mes collègues de l’équipe de recherche Women & the F-Word et ont bénéficié de financements octroyés par l’Initiative d’Excellence Aix-Marseille (A*Midex) 2017. Toutes mes publications sont à retrouver sur l’archive ouverte HAL-SHS en cliquant ici.

Appels à candidature

Les résidences de recherche que propose l’Iméra, Institut d’études avancées (IEA) d’Aix-Marseille Université, s’adressent aux chercheurs confirmés – académiques, scientifiques et/ou artistes. Ces résidences de recherche sont distribuées sur quatre programmes (« Arts & sciences : savoirs indisciplinés », « Explorations interdisciplinaires », « Méditerranée » et « Utopies nécessaires »).