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Conditions de la candidature et de la résidence 2024-25

La résidence Citadelle de Marseille/Iméra « Points de vue utopiques sur Marseille » est ouverte aux artistes pluridisciplinaires, et aux chercheurs en urbanisme, architecture, sciences humaines et sociales, médiation et patrimoine. En outre, elle peut s’adresser à des chercheurs spécialistes de Marseille ou de dynamiques semblables à celles-décrites ci-dessous dans une perspective comparatiste.

Ancrée au cœur d’un monument historique et projet culturel porté par l’économie sociale et solidaire, la Citadelle de Marseille incarne une multiplicité d’enjeux majeurs auxquels font face nos sociétés contemporaines. Lieu de mémoire, ancien bâtiment militaire, chantier d’insertion ou encore site partiellement pollué, elle est traversée d’histoires sensibles et vivantes qui sont au cœur de sa programmation. Cette programmation met en avant une pluralité d’approches du patrimoine – patrimoine bâti, patrimoine immatériel, patrimoine vivant, patrimoine réinventé – et ainsi rend visibles de nombreuses espèces et vécus peu considérés jusqu’à présent, questionnant des hiérarchies établies.

Or ces patrimoines font partie de l’histoire de Marseille. L’imbrication des enjeux qui compose ce nouveau chapitre de l’histoire du Fort Saint-Nicolas/Entrecasteaux incite à le voir comme un laboratoire de transformation des regards et d’appropriation du patrimoine par la population marseillaise. Concernant cette problématique de « points de vue utopiques sur Marseille » : que peut-on comprendre de Marseille et de ses dynamiques passées et présentes depuis le Fort Saint-Nicolas/Entrecasteaux ? Et inversement, que peut-on comprendre et imaginer du Fort Saint-Nicolas/Entrecasteaux à partir de l’histoire de Marseille et de son présent ?

Pour répondre à ces deux questions, force est de prendre en compte le grand écart entre l’histoire riche du fort et son projet actuel aux multiples strates, avec d’un côté une histoire militaire, coloniale et marquée par des tensions anciennes entre Marseille et Paris dans un rapport de défiance à la centralisation, et, de l’autre, un projet actuel ancré dans l’économie sociale et solidaire, donnant une place importante à l’art et à l’écologie. Ce projet ambitieux laisse entrevoir un exemple de passage du mythe de Marseille comme ville résiliente à la réalité et à la possibilité d’une ville qui le serait véritablement, tant au niveau social que d’une symbiose du vivant. Ce pourrait donc être un lieu d’utopies concrètes construites à partir d’un lieu et d’une histoire complexes dont il importe de prendre en compte les négociations à l’œuvre.

Pour répondre à ces questions, le projet de résidence « La Citadelle de Marseille/Iméra : Points de vue utopiques sur Marseille » devra s’ancrer sur le site du fort et se réfléchir dans l’articulation avec les personnes qui font vivre le projet, tout en profitant du contexte interdisciplinaire de l’Iméra et de l’écosystème scientifique et/ou culturel local. Enfin, le projet devra donner une place à des méthodes participatives, lesquelles sont au premier plan à la Citadelle de Marseille.

Parmi les axes privilégiés :

1. Une approche intégrative et utopique de l’histoire, de la mémoire, des récits parallèles : production, invention et échange des savoirs.

La Citadelle de Marseille souhaite explorer la diversité des récits qui composent son histoire : mémoires citoyennes, archives militaires, témoignages, imaginaires collectifs, ou encore recherche académique, avec une attention portée à certaines formes d’invisibilisation selon une nouvelle approche de la recherche sur Marseille (voir à ce sujet l’ouvrage collectif Marseille Mozaic. A Mediterranean City at the Crossroads of Cultures, 2023). La question de la création des savoirs est au cœur des enjeux de La Citadelle, du fait d’abord qu’elle ne possède pas de collection à proprement parler et ensuite par la pluralité des récits et des personnes qui partagent sa mémoire. Les projets proposés pourront prendre pour objet ou pour point de départ les problématiques mémorielles et historiques liées au site et à son ancrage marseillais et ainsi prendre part à la création d’un futur centre historique d’interprétation. Une attention particulière sera portée à une mise en perspective contemporaine de ces enjeux.

2. Négociations utopiques sur un terrain pollué : respecter un patrimoine vivant et questionner la hiérarchie du vivant

L’histoire du fort n’est pas seulement une histoire humaine mais aussi une histoire de faune et de flore peuplée d’espèces natives, auxquelles sont venues se mêler récemment d’autres espèces reflets de parcours de mondialisation, de déplacements, confrontées à la présence de contaminants, traces persistantes des activités humaines, et qui constituent aujourd’hui l’écosystème en place.

Au-delà de sa valeur patrimoniale matérielle, reconnue par le classement Monument Historique du bâtiment, le site géographique et topographique du Fort d’Entrecasteaux, entouré de trois hectares d’espaces verts, conserve les traces de la calanque dans laquelle il a été construit au XVIIème siècle, et témoigne de siècles de réaménagements urbains, d’occupation militaire et d’usages humains ayant eu un impact direct sur la biodiversité, que l’on constate dans d’autres espaces naturels marseillais façonnés par les industries humaines. Les sols en particulier, considérés comme ressource non renouvelable et patrimoine vivant à La Citadelle de Marseille, sont ainsi destinés à recevoir le même soin de conservation, restauration et valorisation que le patrimoine bâti.  La Citadelle de Marseille sera ainsi au cours des prochaines années, le terrain d’études de cette histoire du vivant et d’expérimentation de différentes solutions de gestion responsable de la pollution en lien avec les usages et l’histoire des espaces et espèces concernées, en s’appuyant sur des solutions fondées sur la nature, dans le cadre d’une collaboration étroite avec le Laboratoire Population Environnement Développement (LPED UMR 151 IRD AMU), spécialiste d’écologie urbaine.

Dans une optique de croisement des expertises et de mise en perspective de problématiques environnementales, la résidence souhaite porter son attention sur les pratiques de recherche et de création autour des écosystèmes du vivant et leur ancrage dans les questions de déplacement géographique et de relation de pouvoirs entre les vivants.

Calendrier

Date limite de candidature : 16 octobre 2023, à 13h (heure française)

Durée de la résidence : 5 mois

Période de résidence : du 10 février 2025 au 04 juillet 2025

Conditions d’éligibilité

Sont éligibles les candidats, juniors ou seniors, réunissant ces conditions :

– Pour les scientifiques :

  • Ne pas avoir résidé en France plus de 12 mois dans les trois années précédant l’appel à candidatures.
  • Être titulaire d’un doctorat ou d’un Ph.D.
  • Disposer d’un contrat de travail (permanent ou non) dans une université ou un établissement de recherche étranger pendant la résidence.

– Pour les artistes :

  • Ne pas avoir résidé en France plus de 12 mois dans les trois années précédant l’appel à candidatures.
  • Aucune condition de contrat de travail et de diplôme

Rémunération et hébergement

Rémunération des scientifiques

Juniors : indemnité de 2000 euros mensuels
Seniors : indemnité de 3000 euros mensuels

Sont considérés comme juniors les scientifiques ayant, à la date de clôture de l’appel à candidatures, une expérience postdoctorale dans la recherche à temps plein comprise entre 2 et 9 années.

Sont considérés comme seniors les scientifiques de haut niveau ayant, à la date de clôture de l’appel à candidatures, au moins 10 années d’expérience postdoctorale dans la recherche à temps plein, et les professeurs d’université.

Rémunération des artistes

Les artistes perçoivent un salaire ou une indemnité, selon la position statutaire du candidat, qui s’élève à 2000 euros mensuels.

Les résidents scientifiques et artistes bénéficient également d’une prise en charge des frais de voyage et d’un hébergement gratuit sur le site de l’Iméra.

Critères de sélection

Les critères d’évaluation des dossiers sont, de manière non exhaustive :

  • Le parcours du candidat.
  • Le projet scientifique ou artistique ; sur la base de son originalité et de sa rigueur, des prises de risque et du potentiel d’expérimentations, de la place donnée à la collaboration, en profitant au maximum des opportunités au sein de la communauté intellectuelle de la Citadelle de Marseille, de l’Iméra (résidents et équipe scientifique) et du site d’Aix-Marseille, tout contribuant activement à son animation.
  • La démarche interdisciplinaire ; sur la base d’une pratique avérée et d’un projet où celle-ci est praticable.

Candidature

Le dossier en ligne est constitué des pièces suivantes :

  • Le formulaire de candidature dûment rempli (champs obligatoires).
  • Un curriculum vitae incluant une liste de publications et/ou d’expositions, de réalisations artistiques.
  • Une présentation du projet de recherche qui serait mené pendant la résidence (maximum 5 pages) suivie d’une bibliographie sélective (facultative) et d’une liste de références artistiques et scientifiques (obligatoire pour les artistes).
  • Une lettre de soutien d’un chercheur ou enseignant-chercheur d’Aix-Marseille Université

à propos du partenaire de la chaire

Située en plein cœur de Marseille sur un site classé monument historique depuis 1969, et jamais ouvert au public sauf à de très rares occasions, La Citadelle de Marseille, aussi connue sous le nom de « Fort Saint-Nicolas » ouvrira ses portes progressivement à partir du printemps 2024.

L’ambition de La Citadelle de Marseille est de créer sur ce site emblématique de l’histoire de Marseille, un véritable lieu de vie et de création avec et pour toutes et tous, dans le respect des valeurs d’inclusion et de transmission qui portent ce projet depuis ses débuts, et avec de fortes ambitions en matières culturelles, artistiques et de développement durable. La Citadelle entend étendre le modèle de gestion socialement responsable d’Acta Vista aux futurs métiers du site. Restauration, accueil, sécurité, médiation, tout sera prétexte à en faire un véritable levier d’inclusion.