Crédit : Université de Cambridge Press
De Vroey Michel
Projet de recherche
L’économie et le défi de l’interdisciplinarité
Résumé du projet
La montée de l’économie néoclassique dans le dernier quart du XIXe siècle a marqué une transformation de l’« économie politique », devenant l’« économie », ce qui signifie que les économistes ont commencé à considérer leur travail comme constituant une discipline spécifique à développer sur le modèle des sciences naturelles.
Ce projet a évolué avec succès. Il a mené à des développements cumulatifs impressionnants et a rallié la plupart des membres de la discipline. Plusieurs conséquences en ont découlé.
Le fait que la cohérence logique a reçu la priorité sur la réalité… De plus, une tension est apparue entre l’affirmation selon laquelle la discipline a été jugée « scientifique » et le fait que ses conclusions politiques appuyaient unilatéralement l’idéologie du libre marché.
Enfin, les économistes étaient fiers d’être une discipline isolée des autres sciences sociales – la proclamant « reine des sciences sociales ». Ce n’est pas étonnant que d’autres spécialistes des sciences sociales aient à peine apprécié ce qu’ils percevaient comme une simple arrogance.
Puis vint un temps où un fort élan d’interdisciplinarité vit le jour. Mon projet de recherche vise à faire connaître les réactions des économistes à cette tendance. Elles étaient de deux types. Ou bien on s’en tient, peut-être d’une façon plus fondée, à l’opinion selon laquelle l’économie est effectivement différente, c’est le point de vue des macroéconomistes. Ou accepter de s’engager dans un travail interdisciplinaire. Cette dernière réaction a évolué de plusieurs façons.
J’ai l’intention d’en examiner trois. Le premier est la montée de la théorie du capital humain. Il s’agissait d’un cas d’« impérialisme économique » : l’utilisation d’outils économiques pour aborder des questions qui, jusqu’à présent, étaient censées « appartenir » à d’autres disciplines. Le second est la montée de l’économie comportementale. Ici, nous avons le mouvement inverse : remplacer les hypothèses économiques standard par de nouvelles obtenues en utilisant les outils de la psychologie cognitive. Le troisième est l’histoire économique. Profitant de l’énorme augmentation des bases de données résultant de la révolution d’Internet, les économistes ont créé une manière plus quantitative d’écrire histoire.
Biographie
Michel De Vroey est titulaire d’un doctorat, d’une licence en sociologie et d’une licence en philosophie de l’Université catholique de Louvain.
Professeur émérite à cette université, il a occupé des postes de visiteur à l’Université de la Sorbonne, à l’Université Duke, à l’Université de la Colombie-Britannique (Vancouver), à l’Université Clemson, à Aix-Marseille et à LUISS (Rome).
Il a publié plusieurs ouvrages, dont Involuntary Unemployment : The Elusive Quest for a Theory (2007, Routledge), Keynes, Lucas : D’une macroéconomie à l’autre (2009, Dalloz), A History of Macroeconomics from Keynes to Lucas and Beyond (2016, Cambridge University Press). Il a publié de nombreux articles dans des revues savantes.
Son domaine de recherche est l’histoire de l’économie, en particulier de la macroéconomie actuelle. Ses écrits mêlent reconstructions théoriques et réflexions méthodologiques.