Santé mentale un enjeu complexe
Selon l’OMS les troubles psychiques concerneraient une personne sur quatre dans le monde. En France, ces troubles occasionnent chaque année plus de 10 000 suicides et près de 200 000 tentatives de suicide. Parallèlement, la vente d’antidépresseurs a été multipliée par sept entre 1980 et 2000. Les effets des deux dernières années de pandémie n’ont fait que mettre devant les yeux de chacun la gravité d’un problème qui ne fait chaque année que se complexifier : saturation des consultations chez les psychiatries et les psychologues; inadéquation des structures publiques de soutien dans les écoles, les universités, les lieux de travail, les prisons, les maisons de retraites; explosion de la consommation des psychotropes, anxiolytiques et antidépresseurs dans l’impossibilité de mettre en place des thérapies de parole; introduction de téléconsultations dans le flou générale d’une analyse des bienfondés de ce mode de consultation thérapeutique.
Quelle qu’ait été l’envergure des politiques de santé public mises en œuvre depuis quarante ans, face à cette situation dramatique, toute nouvelle action politique demande d’être accompagnée par une réflexion théorique de fond. Il s’agit en particulier d’analyser dans une perspective interdisciplinaire trois aspects essentiels de la question.
Le premier aspect concerne le bilan en termes de problème de santé public. Les données statistiques du problème sont bien en possession des institutions publiques, mais leur interprétation demande un travail de fond. Il semble y avoir un lien clair entre l’explosion de la souffrance psychique dans tous les domaines et les changements anthropologiques et sociaux auxquels tout individu de nos sociétés post-industrielles a été soumis dans les quarante dernières années, en termes de d’accélération des rythmes de vie et de multi-tasking. Sur fond de révolution numérique ces derniers ont provoqué des changements profonds touchant toutes les sphères des interactions et des représentations sociale (de l’école, au travail, à la famille, au divertissement, à la réalisation de soi, au vivre en commun). Analyser et comprendre les statistiques de santé publique à la lumière de ces grandes mutations est une étape indispensable pour le traitement du problème. Sur ce thème le dialogue avec les sciences sociales semble également indispensable.
Le deuxième aspect concerne la définition du concept de santé mentale. Tout trouble mental ne peut être défini que par rapport à une norme qui reste souvent implicite, et qu’il conviendrait d’analyser au moins dans ses aspects théoriques fondamentaux. L’arrivée des DSM, les manuels de diagnostic et statistique des troubles mentaux publiés depuis 1943 par l’association des psychiatres américains a profondément modifié le débat sur la question. Fondés sur les données des hôpitaux et construits par une approche inductive, ces manuels semblent souvent subordonner la définition du trouble aux moyens pharmacologiques capables d’en soigner les symptômes. Il s’agit donc de reprendre à nouveaux frais le débat sur la question de la caractérisation de la santé mentale et tout particulièrement :
a) de prendre en compte les concepts et les résultats récents des neurosciences qui, à travers l’interprétation des traces neuronales en termes de représentation de l’expérience vécue essaye de réinterpréter la santé mentale par le concept de plasticité et d’homéostasie cérébrale;
b) de prendre en compte le débat théorique, philosophique, psychanalytique et anthropologique sur la définition du concept de santé mentale, tel qu’il se dégage des grandes œuvres théoriques du XXème siècle et donc des formes pathologiques corrélatives qui ont été identifiées (névroses, psychoses etc.…)
Enfin, le dernier aspect concerne la clinique et les différentes formes de thérapie qui ont été développées au cours des dernières décennies intégrants ou non les traitements pharmacologiques. La politique de santé sur ce problème ne peut pas faire l’impasse de la reconstruction historique et le bilan des différents courants qui se sont affrontés dans le débat sur les formes de la clinique, de l’antipsychiatrie des années 70-80 aux thérapies cognitivistes et comportementalistes au tournant du XXI siècle, à la diversification des thérapies de paroles d’inspiration psychanalytique.
Pour l’année académique 2023/2024 les dates des ateliers sont les suivantes :
22 septembre 2023
20 Octobre 2023
17 Novembre 2023
15 décembre 2023
19 Janvier 2024
15 Mars 2024
19 Avril 2024
17 Mai 2024
21 Juin 2024