Présentation de l’Atelier de recherche Travail et Libertés (ArTLib) de l’Iméra, Institut d’études avancées (IEA) d’Aix-Marseille Université
Créé en 2019 à l’Iméra (Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université), l’Atelier de recherche Travail et Libertés (ArTLib) est un collectif interdisciplinaire et international qui vise à discuter et diffuser des idées et des pratiques liées aux transformations profondes du travail et à leurs effets dans la sphère des libertés et des utopies personnelles et collectives.
Coordonné par Enrico Donaggio (professeur AMU et directeur scientifique de l’Iméra), le collectif ArTLib est actuellement composé de Blaise Barbance (ressources humaines, professeur associé AMU, vice-président de l’APSE), Elisabeth Brun (maître de conférences associée AMU, formatrice-chercheure au LaSSA), Mariagrazia Cairo (maître de conférences, philosophe, CNRS CGGG, AMU), Anne-Marie Daune-Richard (chercheure associée, sociologue, CNRS LEST, AMU), Maryline El-Khoury (sociologue politique, PragmApolis, Uliège), Olivia Foli (maître de conférences, sociologue, Céreq, Sorbonne Université), Sébastien Jousse (cinéaste, IPDT), Luc Joulé (cinéaste, IPDT, Images de Ville), Christophe Massot (chercheur associé au CRTD-CNAM, sociologue, expert auprès des CSE), Nadine Richez-Battesti (maître de conférences, économiste, CNRS LEST, AMU), José Rose (professeur émérite, socio-économiste, CNRS LEST, AMU).
Depuis sa fondation ont participé à ce collectif : Carmen Alvarez (directrice d’études, experte auprès des CSE, Acante-Travail), Lucio Castracani (anthropologue, université de Montréal), Fréderic Décosse (chargé de recherche, anthropologue, CNRS LEST, AMU), Emmanuelle Hellio (sociologue, Université Nationale Autonome du Mexique), Juana Moreno Nieto (anthropologue sociale, Université de Cadiz), Laura Sanna (manager, responsable des parcours d’incubation, Inter-Made), Frédéric Séchaud (sociologue, militant syndical, CEREQ).
Hendrik Sturm (artiste, enseignant, École supérieure d’art et design, Toulon) a fait partie d’ArTLib depuis 2020. Son décès, le 15.8.2023, laisse un vide impossible à combler dans le collectif.
ArTLib entretient des liens avec divers organismes d’études et de recherche d’Aix-Marseille Université, notamment des UMR – Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST), Centre Gilles Gaston Granger (CGGG) – et d’autres centres – le Centre d’Études et de Recherches sur les Qualifications (CEREQ), l’Association des professionnels en sociologie de l’entreprise (APSE) – ainsi qu’avec des experts et des artistes indépendants liés au monde du travail.
Programme et activité de recherche
Depuis quelques années, le thème du travail occupe une place croissante dans le débat public et spécialisé. Les représentations et les pratiques qui concernent cet aspect fondamental de la condition humaine se trouvent aujourd’hui en pleine phase de recomposition. Sous l’effet de multiples facteurs (révolution numérique, dégradation accélérée de la nature, financiarisation de la société marchande capitaliste, mondialisation, développement des politiques néo-libérales, creusement des inégalités sociales), les formes du travail et la façon dont il est organisé s’en trouvent bouleversés. Et l’avenir s’avère de plus en plus difficile à anticiper et à préparer. . Un nouvel ordre de réalité et de discours est ainsi en train d’émerger. Ses configurations, non encore clairement déchiffrables, suscitent à la fois crainte et espoir.
De nombreuses publications rédigées par de multiples organismes – grandes institutions internationales équipes de recherche, syndicats, collectifs de militants engagés – proposent ainsi des descriptions du territoire et de l’horizon très voisines. Elles mettent l’accent sur des nouveautés sans précédent affectant la société dans son ensemble (évolutions démographiques, urgence de la question écologique) et particulièrement le travail – numérisation, crise du salariat, mutations des formes d’emploi, revenu universel, accès problématique au marché du travail, le tout prenant parfois la forme d’un retour à un passé que l’on croyait révolu (précarité, vulnérabilité, multi-activités, désyndicalisation, crise du Welfare, corrosion des droits) ou d’une récurrence éternelle de l’identique telle la prophétie de la fin du travail, aussi ancienne que le travail lui-même, et qui s’annoncerait aujourd’hui avec la destruction massive des emplois sous l’effet de la robotisation, voire la disparition tout court du travail
Une réflexion de qualité remarquable a été menée jusqu’à aujourd’hui sur le versant noir de cette énième métamorphose du travail. Parmi les résultats les plus intéressants, on peut citer le renouvellement de certaines catégories classiques (injustice, exploitation, aliénation, domination, servitude volontaire, banalité du mal), la découverte d’un terrain fécond de dénonciations (de la souffrance au travail dans sa dimension psychique, du manque de reconnaissance vécu et ressenti) et d’analyses : déconstruction des pratiques et des rhétoriques gestionnaires qui – malgré leur appel à la liberté – visent toujours à la soumission ; mise au jour de nouvelles formes de prolétarisation et de création de la valeur par le travail cachées derrière l’opacité anonyme des algorithmes (micro-travail, travailleurs du clic, livreurs, logistique, plateformes).
En revanche, la réflexion sur l’autre côté constitutif du travail– autonomie, réalisation de soi, empowerment, bonheur, émancipation – reste l’apanage presque exclusif du discours néolibéral, du management et de la culture d’entreprise où le sujet qui travaille est considéré avant tout comme un capital ou une ressource humaine à valoriser. La promesse de liberté individuelle et collective, dont le travail a été porteur dès le début de la modernité, est alors récupérée par l’idéologie néolibérale, mais elle risque en même temps d’être délaissée par sa critique qui reste le plus souvent focalisée sur le versant négatif du travail contemporain.
Les questions posées par le Collectif ArTLib essaient de contrebalancer ce déséquilibre de sensibilité et de profondeur diagnostique qui caractérise aujourd’hui la meilleure critique du travail. L’approche d’ArTLib repose en effet sur l’idée que, dans les expériences et les représentations du travail, s’affrontent et se produisent toujours de multiples dynamiques contradictoires et conflictuelles : autonomie et domination, subjectivation et assujettissement, appropriation et aliénation, réalisation et perte de soi. Une partie capitale du destin individuel et collectif des êtres humains à chaque époque se décide dans ce champ de tensions.
Le travail, pratique et rapport social à part entière, est ainsi central dans la vie des individus et des sociétés : il y a eu, il y a et il aura toujours du travail humain, même s’il est caché, invisible, refoulé ou encore à inventer. Pour cette raison, le travail est à penser et à critiquer dans sa relation constitutive avec le pôle apparemment opposé de la liberté. Celle-ci ne peut pas être instrumentalisée par une rhétorique néolibérale qui revendiquerait un droit de monopole fictif et contingent sur cette vérité capitale de la condition humaine. Mais la liberté ne peut néanmoins être réduite à une variable dépendante ou négligeable par une critique du travail qui se concentrerait exclusivement sur le côté pathogène de cette expérience.
Travail e(s)t liberté : tel est le postulat qui caractérise la démarche d’ArTLib
De cette prise de position fondamentale découlent les questions qu’ArTLib poseau centre de sa recherche : quelles sont les articulations aujourd’hui dominantes entre travail (contenu du travail, rapport au travail, rapports de travail, organisation et sens du travail) et liberté (individuelle et collective, positive et négative, autonomie et puissance d’agir, émancipation et servitude volontaire) ? Qui y a-t-il de critiquable ou d’intolérable dans ces configurations ? Existe-il des alternatives possibles, voire des utopies concrètes ou nécessaires qui émergent aujourd’hui dans ce domaine tant sur le plan théorique que pratique ? Et finalement, comment ces questions permettent-elles de réfléchir sur l’avenir du travail voire d’en anticiper les formes en prenant en compte son ambivalence et la pluralité de ses facettes ?
Depuis 2019 ce programme de recherche s’est développé dans plusieurs directions : séminaires de recherche pluridisciplinaire, cycle de conférences accueillant des chercheurs spécialistes, rencontres entre chercheurs et acteurs de terrain, publication d’un ouvrage collectif, présence dans des colloques ou des lieux accueillant des publics variés (universités populaires, bibliothèques, établissements de formation), travail de terrain sur des expériences à dimension utopique.
ArTLib se conçoit ainsi comme un espace de réflexion plurielle et de recherche collective sur les liens entre travail, liberté et utopie, d’échange d’expériences portées par des acteurs imaginant de nouvelles façons de faire, et de confrontation ouverte d’idées et de pratiques.
Accéder à la synthèse de l’activité de recherche d’ArTLib :
ArTLib : les vidéos du cycle de conférences à l’Iméra 2022
17 mars 2022
« Utopie, travail et liberté à Marseille » #1 avec Gérard Cazorla
Gérard Cazorla est premier président de SCOP-TI 1336 – Gémenos
L’Atelier de recherche Travail et Libertés (ArTLib) propose trois conférences mettant en présence des chercheurs qui ont exploré l’histoire des utopies et du travail avec des femmes et des hommes qui ont lutté et luttent ensemble à Marseille pour libérer leur travail, inventer des alternatives et expérimenter des utopies concrètes locales.
Créé en 2019 à l’Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université (Iméra), l’Atelier de recherche Travail et Libertés (ArTLib) est un collectif interdisciplinaire et international qui vise à discuter et diffuser des idées et des pratiques liées aux transformations profondes du travail et à leurs effets dans la sphère des libertés et des utopies personnelles et collectives. Coordonné par Enrico Donaggio (professeur d’Aix-Marseille Université et directeur scientifique de l’Iméra), ArTLib collabore avec le LEST, le CGGG, le CEREQ, le Centre Norbert Elias, l’IPDT de Paris, le CRTD-CNAM, Acante, le LaSSA, APSE, Inter-Made, ainsi qu’avec des experts et des artistes indépendants liés au monde du travail.
07 avril 2022
« Utopie, travail et liberté à Marseille » #2 avec Thomas Bouchet & Caroline Caccavale
Thomas Bouchet est historien de la pensée politique – Université de Lausanne et Caroline Caccavale fondatrice de Lieux fictifs – Marseille.
L’Atelier de recherche Travail et Libertés (ArTLib) propose trois conférences mettant en présence des chercheurs qui ont exploré l’histoire des utopies et du travail avec des femmes et des hommes qui ont lutté et luttent ensemble à Marseille pour libérer leur travail, inventer des alternatives et expérimenter des utopies concrètes locales.
Créé en 2019 à l’Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université (Iméra), l’Atelier de recherche Travail et Libertés (ArTLib) est un collectif interdisciplinaire et international qui vise à discuter et diffuser des idées et des pratiques liées aux transformations profondes du travail et à leurs effets dans la sphère des libertés et des utopies personnelles et collectives. Coordonné par Enrico Donaggio (professeur d’Aix-Marseille Université et directeur scientifique de l’Iméra), ArTLib collabore avec le LEST, le CGGG, le CEREQ, le Centre Norbert Elias, l’IPDT de Paris, le CRTD-CNAM, Acante, le LaSSA, APSE, Inter-Made, ainsi qu’avec des experts et des artistes indépendants liés au monde du travail.
ArTLib : les vidéos du cycle de conférences à l’Iméra 2021
25 mars 2021
Isabelle Berrebi-Hoffmann : Entre histoire et utopie. Qu’est-ce qu’un travail libre ?
Isabelle Berrebi-Hoffmann est sociologue (CNRS, Lise-Cnam), auteure de Politiques de l’intime. Des utopies sociales du XIXème siècle aux mondes du travail d’aujourd’hui (2009, 2016) et co-auteure de Makers. Enquêtes sur les laboratoires du changement social (2018).
Depuis les années 1970, on tente de réinventer l’organisation du travail, d’éradiquer la subordination, les règles, les hiérarchies et la routine. Mais une lecture attentive de l’histoire de ces expérimentations – en vue d’un travail défini comme créatif et libre – montre que la liberté rêvée et le prix à payer se redéfinissent au cours du temps. Dans sa conférence, Isabelle Berrebi-Hoffmann parcourra cette histoire d’imaginaires d’émancipation et de pratiques productives. Elle s’appuiera sur des exemples empruntés à ses travaux sociologiques des vingt dernières années dans les mondes du numérique et à une enquête récente dans l’écosystème et les mondes de l’intelligence artificielle de la région du grand Boston et de la Silicon Valley.
8 avril 2021
Emmanuel Dockes : Le travail en misarchie. Une utopie pragmatique
Emmanuel Dockes est professeur de droit à l’Université Paris Nanterre, auteur de Voyage en misarchie. Essai pour tout reconstruire (2017), Droit du travail (2017).
La misarchie est un gros bricolage, imparfait, pragmatique, qui dessine une sorte d’hyper-démocratie écologique, dans laquelle on s’est débarrassé de l’Etat, du capitalisme et du productivisme, tout en essayant de conserver les fonctions bien utiles que ces monstres procurent. Il s’agit de penser la disparition de l’Etat, sans supprimer l’impôt, les services publics, ni même la police, ou de supprimer le capitalisme sans supprimer la liberté d’entreprendre, la monnaie, ni même la propriété, ou encore de supprimer le productivisme tout en conservant le marché et même un petit consumérisme pas désagréable. Quels sont la place et le destin du travail dans cette utopie ?
27 mai 2021
Antonio Casili : En attendant les robots. Utopie de la fin du travail ou nouvelle exploitation ?
Antonio Casilli est professeur de sociologie à Télécom Paris, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité (2010), En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic (2019).
Et si, comme l’énigmatique Godot dans la pièce de Samuel Beckett, les robots n’arrivaient jamais ? Que se passerait-il si notre attente quasi-messianique de l’automatisation complète s’avérait une promesse constamment renouvelée, mais jamais tenue ? C’est dans le domaine du travail que cette prophétie pèse davantage. Depuis la première apparition, au XVII siècle, de la notion d’ “usine sans ouvriers” jusqu’aux grandes plateformes numériques, c’est moins un “grand remplacement technologique” qui a lieu qu’un grand encasernement du travail au sein de structures matérielles et idéologiques qui poussent à des formes de subordination et de flexibilisation de plus en plus extrêmes. Cette situation n’est pourtant pas exempte de contradictions, de tensions et d’alternatives.
ArTLib : Suspension activités à l’Iméra: en 2020 – une lettre de la la pandémie
ArTLib : les vidéos du cycle de conférences à l’Iméra 2019
7 mars 2019
« Travail et libertés aujourd’hui » #1 – avec Christophe Dejours : Travail vivant et émancipation: quelle problématique? – et Emmanuel Renault : Démocratiser le travail
“Travail vivant et émancipation: quelle problématique?”, avec Christophe Dejours, psychiatre, psychanalyste, professeur, fondateur de la psychodynamique du travail et de l’IPDT de Paris. Auteur de Souffrance en France. La banalisation de l’injustice sociale et de Le choix. Souffrir au travail n’est pas une fatalité.
“Démocratiser le travail”, avec Emmanuel Renault, philosophe, professeur, créateur d’une théorie critique et sociale basée sur la centralité du travail et de la reconnaissance. Auteur de L’expérience de l’injustice et du Mépris social.
11 avril 2019
« Travail et libertés aujourd’hui ” #2 avec Michel Lallement : Travail libertaire et utopies concrètes
“Travail libertaire et utopies concrètes“, avec Michel Lallement (CNAM, Paris, sociologue, auteur de l’Âge du faire Hacking, travail, anarchie (2015) et coauteur de Makers – Enquête sur les laboratoires du changement social (2018).
Aux marges du système économique dominant, des utopistes bricolent depuis longtemps des formes alternatives de travail, dont l’ambition est d’émanciper ceux qui les pratiquent des dominations de toutes sortes. En opérant une plongée anthropologique au cœur d’expérimentations sociales concrètes d’hier et aujourd’hui, en France et aux États-Unis, il s’agira de brosser le tableau de ce que l’on pourrait nommer un « travail libertaire », de repérer les promesses dont celui-ci est porteur et d’évoquer quelques interrogations pour notre futur que celui-ci suscite.
16 mai 2019
“Travail et libertés aujourd’hui” #3 avec Danièle Linhart : La subordination des salariés: l’éternelle obsession managériale
“La subordination des salariés: l’éternelle obsession managériale” avec Danièle Linhart, sociologue (CNRS), auteure de Se battre, disent-elles, La Dispute, (2012)
Du taylorisme au mangement moderne, la logique reste la même : une disqualification des métiers, de la professionnalité et de l’expérience qui tend à renforcer la domination exercée par les dirigeants. Le travail perd son sens et précarise les salariés qui, constamment mis à l’épreuve, sont conduits à douter de leur valeur et légitimité.
20 juin 2019
“Travail et libertés aujourd’hui” #4 avec Massimiliano Nicoli, Luca Paltrinieri et Muriel Prévot-Carpentier : Travail et plateformes numériques : entre exploitation et opportunités
“Travail et plateformes numériques : entre exploitation et opportunités“, avec Massimiliano Nicoli, Université de Paris-Nanterre; Luca Paltrinieri, Université de Rennes 1; Muriel Prevot-Carpentier, INRS Nancy.
L’avènement des plateformes numériques de travail a déterminé une série de transformations paradoxales qui concernent à la fois le travail et l’entreprise : la subordination juridique du contrat salarial laisse de plus en plus la place à de nouvelles formes de dépendance économique et psychologique, tandis que la forme-entreprise traditionnelle tend à exploser dans les différentes figures de l’autoentrepreneuriat, ou à se confondre avec le marché sous la forme de l’entreprise-plateforme. Cette situation d’intensification de l’(auto)exploitation de l’individu productif constitue pourtant le terrain d’expérimentation de nouvelles formes de coopération qui s’enracinent dans la longue histoire de l’intelligence politique du travail.
Autres événements ArTLib
17 octobre 2023
Les paroles de plainte au travail et la santé (mentale) dans les entreprises
Conférence- débat avec Olivia Foli à la médiathèque Louis Aragon de Martigues
Dans le cadre de la semaine d’information sur la santé mentale, conférence par la sociologue Olivia Foli sur son livre : Les paroles de plainte au travail. Des maux indicibles aux conversations du quotidien
A partir des enquêtes par interviews et observations qu’elle a menées dans diverses entreprises, Olivia Foli abordera les enjeux de la communication dans le travail et leurs liens avec la santé. Lorsque ce qui va mal ne peut pas se dire, lorsque l’expression des paroles de plainte est empêchée, cela porte atteinte à la santé des travailleur.ses.
Travailler est une activité déterminante pour la santé des femmes et des hommes. Elle procure le sentiment de réalisation de soi et la reconnaissance par autrui du travail bien fait. Mais que se passe-t-il lorsque quelque chose se passe mal, en termes de conditions de travail, de management ou de difficultés de coopération par exemple ? Les paroles de plainte énoncées lors des interactions, sur les lieux du travail, sont la mise en mots des maux ressentis. Elles expriment les problèmes vécus par les salarié.e.s et une demande d’aide. Or les enquêtes empiriques menées en entreprise montrent que tout ne peut pas se dire et que l’écoute des plaintes par les collègues ou par la hiérarchie n’est pas toujours évidente. Cela peut porter atteinte à la santé au travail, parfois gravement.
La présentation s’appuiera sur l’ouvrage : FOLI Olivia, 2022, Les paroles de plainte au travail. Des maux indicibles aux conversations du quotidien, préface J. Le Marec, éd. des Archives Contemporaines
En savoir plus :
13 avril 2023
En 2023, ArTLib s’est engagé auprès des acteurs de l’éducation populaire de Martigues, avec l’organisation d’une rencontre – débat en partenariat avec la Maison des Jeunes et de la Culture de Martigues. 4 membres de l’atelier – Enrico Donaggio, Olivia Foli, Christophe Massot, José Rose – ont présenté leurs réflexions sur le thème « Travail et liberté ? Quelle idée ! », à partir d’illustrations issues d’expérimentations et d’enquêtes de terrain, ainsi que de la diffusion de témoignages audio de travailleurs.ses.
Le travail fait l’actualité avec les luttes pour les retraites qui interrogent la place du travail contraint dans nos vies. Il est aussi une expérience partagée par tous.tes tant ses formes sont multiples : travail salarié, indépendant, bénévole, domestique. Et chacun s’interroge sur le sens du travail et sa reconnaissance. Enfin, le travail porte en lui une ambivalence, à la fois facteur d’exploitation et source possible d’émancipation.
Ces sujets ont été abordés à partir de l’ouvrage collectif Travail e(s)t liberté ? (ed. Erès, 2022), partant notamment des cinq figures qui caractérisent les rapports possibles entre ces deux notions : se libérer dans le travail, se libérer par le travail, se libérer malgré le travail, se libérer du travail, libérer le travail.
La discussion avec les participants a permis d’échanger des expériences et des réflexions sur les formes actuelles du travail et les perspectives que l’on peut ouvrir à ce propos.
Avec les interventions de : Enrico Donaggio, Olivia Foli, Christophe Massot, José Rose
14 juin 2022
Conférence-débats au sein de l’APSE (Association Pour la Sociologie de l’Entreprise) avec José Rose et Mariagrazia Cairo
Dans le cadre de notre partenariat avec l’IMéRA (Institut d’Etudes Avancées d’Aix-Marseille Université), l’APSE a organisé un café socio sur les articulations possibles entre travail et liberté.
Lors de ce café socio, en présence de Mariagrazia Cairo et José Rose, nous avons collectivement exploré les notions de travail et de liberté. Quels liens entretiennent-elles aux niveaux individuel, organisationnel et macro-social ?
Mariagrazia Cairo est MCF en philosophie AMU-CGGG-CNRS et de José Rose est professeur émérite en sociologie AMU-LEST-CNRS.
Les échanges ont été animés par Grégory Lévis et Blaise Barbance.
Travail et liberté : hier et aujourd’hui
En 2021, trois membres de l’atelier de recherche Travail et Libertés(ArTLib) ont présenté les recherches et les enjeux d’ArTLib lors de deux conférences organisées par l’Université Populaire de Marseille (UPOP).
Enrico Donaggio, philosophe et chercheur en résidence multiannuelle (2019-2021), Christophe Massot, chercheur associé au CRTD-CNAM, et José Rose, professeur émérite de sociologie à Aix-Marseille Université, reviennent sur les raisons d’être d’ArTLib.
Si le thème du travail occupe une place croissante dans le débat, les travaux de recherche se concentrent surtout sur ses aspects négatifs, expliquent-ils. Le collectif ArTLib veut contrebalancer ce déséquilibre et présenter le travail sous la forme de dynamiques contradictoires : autonomie et domination, subjectivation et assujettissement, appropriation et aliénation, réalisation et perte de soi, etc.
Il y aura toujours du travail humain, affirment ils, et il est à penser dans sa relation avec la liberté, laquelle a évolué au fil des âges. Tandis qu’avec la modernité, le travail devient capital en tant que facteur de production, fondement du lien social et vecteur d’auto-réalisation, cinq figures types se dégagent : “libérer le travail”, “se libérer du travail”, se libérer “dans”, “malgré” et “par” le travail. Trois perspectives sont à croiser, concluent ils : l’une est macrosociale, la deuxième se situe au niveau intermédiaire des organisations et des entreprises et la troisième est plus individuelle.
Travail, liberté, citoyenneté au prisme du genre
La liberté de l‘individu est au principe de la citoyenneté démocratique moderne. La liberté fonde l’individualité qui constitue le socle de la citoyenneté : pas de citoyenneté sans individualité. Et liberté et individualité s’adossent au travail. Mais en examinant les définitions et composantes de la liberté on voit qu’elles ne se conjuguent pas de la même façon au masculin et au féminin. Après avoir déplié les articulations entre liberté, travail, et citoyenneté on suivra leur évolution pour mettre au jour ce qui perdure aujourd’hui de cette conception sexuée héritée de la philosophie des Lumières et de la révolution française.
Anne Marie Daune-Richard Sociologue, chercheure honoraire au CNRS, membre d’ArTLib
L’ÉCONOMIE SOCIALE & SOLIDAIRE, ENTRE INNOVATION & UTOPIE
Quel changement dans les organisations du travail : la contribution de l’ESS entre innovations et utopies. Cette conférence s’inscrit dans les travaux du collectif de recherche « Atelier de recherche travail et liberté » (ArTLib) de l’Iméra.
Le projet d’ArTLib porte sur les transformations et les changements dans les formes de travail aujourd’hui. Entre dénonciation de la souffrance et éloge du travail indépendant comme facteur de liberté et d’émancipation, y a-t-il des possibilités d’alternatives pour appréhender, raconter et caractériser la tension structurelle entre travail et liberté ? Le collectif ArTLib couple des réflexions et débats ouverts avec un travail d’enquête sur le territoire de Marseille, afin de repérer des initiatives et expériences où les rapports entre travail et liberté sont source de questionnement collectif et de transformation des pratiques.
Travail, liberté, utopie, au prisme de l’éducation
Dans le domaine de l’éducation deux grandes polarités semblent se dégager : l’autonomie du sujet apprenant et la transmission d’une culture par un maître, un parent, une institution. Les relations pédagogiques qui s’en suivent s’organisent dans un rapport de travail et sur la base de normes et valeurs personnelles, professionnelles, sociétales. La liberté prend alors des formes différentes, voire opposées, entre exercice de son propre arbitre et assujettissement plus ou moins consenti. Ces tensions sont particulièrement visibles dans les expériences utopiques de l’histoire des sociétés occidentales. Dans quelles mesure ces héritages prônant à la fois la construction d’un sujet libre et la transmission d’une culture se retrouvent-ils aujourd’hui dans les espaces scolaires et éducatifs ? Quelles sont les marges de manœuvre des enseignants, des éducateurs et des apprenants dans des dispositifs plus au moins contraints ?
Mariagrazia Cairo est maître de conférences en philosophie à Aix-Marseille Université, membre du centre Gilles Gaston Granger et de l’Institut supérieur du professorat et de l’éducation (INSPÉ).